Le Conseil national de transition (CNT, le parlement provisoire centrafricain) prend ses responsabilités pour exiger des éclaircissements sur les trois décrets signés le 4 avril dernier à Bangui par le Chef d’État de la transition, Catherine Samba-Panza. Les décrets ont suscité beaucoup de controverses au sein de la classe politique et ont alimenté les débats depuis leur publication.
Pour faire la lumière, les parlementaires de la transition ont interpellé ce lundi au siège du CNT le Premier ministre, Mahamat Kamoun. Le chef du gouvernement devra donner des explications sur la position prise par l’exécutif en ce qui concerne la nomination unilatérale des membres du comité technique d’organisation, particulièrement le choix de Jean Jacques Démafouth (personnalité contestée par les Centrafricains lors des travaux de consultations populaires) comme coordinateur général.
Avant la phase d’interpellation, le président du Conseil national de transition, Alexandre Ferdinand Nguéndet et les membres du G8 se sont retrouvés pour en savoir davantage et donner leur mot d’ordre quant au choix des membres des différents comités devant organiser le prochain dialogue national prévu du 27 avril au 4 mai 2015.
Dans ses propos liminaires, le chef du gouvernement de la transition a reconnu que « le prochain Forum de Bangui est une étape importante » dans la recherche des solutions à la sortie de crise en République Centrafricaine. Selon Mahamat Kamoun, l’exécutif, piloté par Catherine Samba-Panza, ne fait que répondre « aux exigences de la communauté internationale ».
A la tribune du CNT, les parlementaires ont mis l’accent sur les divergences de voix qui se sont élevées au lendemain de la publication de la liste des membres des différents organes devant conduire la destinée du Forum de Bangui. De manière consensuelle, les conseillers nationaux ont relevé que les trois décrets pris par Catherine Samba-Panza ont violé l’article 103 de la Charte constitutionnelle de la transition. « Un manque de consultation préalable en amont », a été constaté par un conseiller national qui estime que ce manquement est susceptible d’entraver « la légalité constitutionnelle ».
Dans une déclaration publiée mardi 7 avril, les parlementaires provisoires ont exigé l’annulation pure et simple des décrets signés par l’exécutif de la transition. Ils ont dénoncé par la même occasion le non respect du consensus dans la mise en place du comité d’organisation du Forum de Bangui. Les décrets ont aussi été contestés par une frange de la classe politique centrafricaine, notamment le Rassemblement démocratique centrafricain (RDC) et le parti travailliste Kwa na kwa (KNK), qui réclament une concertation autour de la question.
Le Premier ministre avait été interpellé pour la première fois le 9 avril dernier mais n’a pu se présenter pour faute de calendrier chargé.