Des soldats français de l’opération Sangaris sont soupçonnés d’abus sexuels sur de petites filles, pour la plupart âgées entre 9 et 16 ans, basées sur le site des déplacés de l’aéroport Bangui M’Poko selon un rapport publié par le Réseau Communautaire pour la Protection de l’Enfant (RECOPE), une organisation nationale centrafricaine.
L’information a éclaté suite à une étude menée sur la situation des enfants vulnérables, marginalisés, réalisée en février 2014 sur le site de l’aéroport Bangui M’Poko. Le rapport a été transmis au Haut-commissariat de l’organisation des Nations Unies pour les droits de l’homme basé à Genève.
« S’ il y a les viols sur le site, il y a des grands hommes et des malfaiteurs qui le font même sur les femmes, les petits enfants, les petites filles, les petits garçons. Les grands hommes le font sur les petits garçons aussi », a annoncé un témoin interrogé sur les faits.
« Je suis là sur le site depuis le 05 décembre 2013. Au début, puisque les enfants sont vulnérables, quand ils ont faim et puisque leurs parents n’ont rien à leur donner, ils sont obligés de se rendre auprès de la force française Sangaris et géorgienne pour chercher à manger. Les soldats en profitent pour demander aux enfants de se soumettre d’abord à des pratiques comme la sodomie. Les gémissements des enfants arrivent souvent au niveau du site puisque généralement c’est aux environs de 22 à 23 heures qu’ils se livrent à ces actes avant de donner à manger aux enfants », a raconté un fonctionnaire qui n’a pas supporté les faits.
« En tant que mère, une telle pratique me dérange. Ils sont venus nous protéger et ils ne peuvent pas nous considérer comme des esclaves et ne peuvent pas venir maltraiter nos enfants. Je demande au gouvernement de bien veiller sur les enfants qui sont l’avenir du pays. De telles pratiques les détournent et ce n’est pas bien », a dénoncé une femme sous couvert de l’anonymat à l’aéroport Bangui M’Poko.
Le Parquet de Bangui, saisi de l’affaire, annonce l’ouverture immédiate d’une enquête. Selon Ghislain Grésénguet, Procureur de la République, « L’enquête est ouverte à Paris, c’est bien mais je pense savoir que c’est à Bangui que les faits se sont déroulés et les victimes ne se trouvent pas à Paris. L’enquête ouverte à Paris permettrait d’établir la responsabilité des éléments français qui se trouvaient à Bangui. L’enquête de Bangui nous permettra de connaître davantage. L’enquête côté centrafricain est déclenchée et nous aurons des ramifications avec l’enquête qui est ouverte avec ce qui est l’origine », a affirmé Ghislain Grésénguet.
Le procureur de la République se réjouit de la collaboration entre le parquet de Bangui et la Mission onusienne à Bangui. « Aujourd’hui, nous sommes heureux d’avoir une très bonne relation de partenariat avec la Minusca », s’est félicité le magistrat.
Des rumeurs concernant ces cas d’abus sexuels supposés commis par ces forces internationales circulaient à Bangui depuis plusieurs mois, mais n’ont jamais été confirmées.
Aujourd’hui, l’ONG locale RECOPE, qui déclare avoir mené une enquête dans ce sens, affirme détenir des preuves palpables rendant des militaires français responsables d’actes pédophiles commis sur des mineurs en Centrafrique.
La Sangaris n’a pas encore commenté ce rapport. Une réaction de l’Ambassadeur de France à Bangui est attendue dans les prochaines heures.