Les organisations de la société civile (OSC) centrafricaines étaient conviées ce mercredi 20 mai 2015 au Complexe sportif 20,000 places de Bangui par le consortium de sensibilisation sur les Chambres africaines extraordinaires et le Réseau des ONG de promotion et de défense des droits de l’Homme pour échanger sur la création de la Cour Pénale Spéciale de Centrafrique. L’exemple du « Procès Habré » devant les Chambres africaines extraordinaires leur ont permis de préciser leurs attentes.
L’objectif de cette conférence-débat était en effet de faire comprendre aux organisations de la société civile, le fonctionnement de la future Cour pénale Spéciale (CPS) de la République Centrafricaine et de préciser le rôle important qu’elles auront à jouer en raison de leur proximité avec les populations et avec les victimes. Leur contribution sera ainsi sollicitée dans la sensibilisation des populations sur le fonctionnement de cette Cour qui aura à juger des crimes les plus graves commis en RCA de 2003 à ce jour.
Des attentes et des défis gigantesques
Me Edith Douzima, coordonnatrice du Réseau des ONG des droits de l’Homme, a profité de l’occasion pour réaffirmer la volonté de la Société Civile de s’investir dans « la mise en place de la Cour pénale spéciale pour une véritable lutte contre l’impunité à tous les niveaux…, la sensibilisation des populations centrafricaines notamment les victimes des différentes crises sur la création de la CPS, les mécanismes de saisine, la sécurité des magistrats, des avocats et autres personnels de la justice, la problématique de la sécurité des maisons carcérales… »
Des préoccupations prises en compte par la loi créant la Cour pénale spéciale, a souligné Me Blaise Fleury Otto, Président de la Commission Loi au Conseil National de la Transition (CNT). Selon ce dernier, « La création de la Cour pénale spéciale en Centrafrique répond à un souci, celui de toute l’opinion nationale centrafricaine de mettre un terme à l’impunité des crimes les plus graves qui ont été commis en Centrafrique depuis le 1er janvier 2003 à 2012. Des crimes pour lesquels les tribunaux centrafricains ont été incapables de poursuivre les auteurs et de rendre justice aux nombreuses victimes ».
Me Blaise Fleury Otto a, par ailleurs, réaffirmé l’importance des OSC dans le processus de mise en œuvre de la Cour pénale spéciale. « Les ONG des défense des droits de l’Homme sont en quelque sorte le rétroviseur de la société du point de vue du droit. Et lorsque les sans voix ne peuvent pas critiquer ou dénoncer, les ONG de défense et de promotion des droits de l’Homme, et toute la société civile doivent prendre le relais pour faire comprendre et attirer l’attention des uns et des autres pour que les gouvernants puissent faire attention à ceux qui sont victimes d’un certain nombre d’injustice ».
Analyse partagée par M. Franck Petit, expert en communication et chef d’équipe du Consortium de Sensibilisation sur les Chambres Africaines Extraordinaires, et vérifiée dans le cadre du procès Hissein Habré. Selon lui, « en s’impliquant dans la sensibilisation des populations et autres victimes des crimes les plus graves, les organisations de la société civile contribuent à la lutte contre l’impunité et asseyent ainsi leur légitimité vis-à-vis des populations ».
C’est officiel, la session de la Cour d’assises des Chambres africaines extraordinaires (CAE) chargée de juger l’ancien président Tchadien Hissein Habré, s’ouvrira le lundi 20 juillet 2015 à 9h au Palais de justice de Dakar… 25 ans après les faits.