Le Chef d’État de Transition, Catherine Samba Panza, s’est entretenue ce lundi 12 octobre au palais de la Renaissance avec les maires d’arrondissements, les chefs de groupes et de quartiers. Certaines entités se sont déclarées non favorables, qualifiant la concertation de mascarade.
Dans son allocution à l’ouverture des travaux, le Chef d’État de Transition a souligné que des efforts ont été faits pour réhabiliter les Forces armées centrafricaines (FACA) et les forces de l’ordre et de sécurité. Elle s’est dite très satisfaite du travail accompli depuis son accession au fauteuil présidentiel.
Sur l’appui aux organisations, Catherine Samba Panza a affirmé avoir reçu et aidé financièrement le coordonnateur du Groupe de travail de la société civile, Gervais Lakosso, pour les activités réalisées au nom de cette entité.
Sur le plan sécuritaire, elle a souligné que les enquêtes se poursuivent encore pour identifier les auteurs des derniers événements survenus dans la capitale centrafricaine, le 26 septembre et qui a occasionné plusieurs morts, des blessés et des maisons incendiées.
Plusieurs membres du gouvernement de Transition ont intervenu.
Prenant la parole, le Premier ministre de Transition, Mahamat Kamoun, a trouvé que la démission du président de l’Autorité Nationale des Elections (ANE), Dieudonné Kombo Yaya, n’impacte en rien le processus électoral en cours. Selon lui, le gouvernement a recouvré le maximum du budget électoral. Les échéances électorales sont possibles et le processus électoral est irréversible a fait savoir M. Mahamat Kamoun. Car le budget électoral est presque bouclé, il ne reste à rechercher que 1,5 millions de dollars soit 865.875.000 F CFA.
Le ministre de la sécurité publique, Dominique Saïd Panguindji, a exhorté le gouvernement à doter son département de moyens matériels et logistiques afin de rendre la sécurisation du pays plus efficace.
Le ministre de la Défense nationale, Marie Noëlle Koyara, s’est focalisée sur le processus de refondation de l’armée nationale.
Des non partants à la concertation
Les discussions censées remettre sur la table certaines questions liées au fonctionnement de la Centrafrique ne semblent pas rencontrer le consentement de tous les Centrafricains.
Pour le mouvement Antibalaka, l’intention première du Chef d’Etat de Transition de réunir tous les acteurs de la vie politique autours d’une table n’est pas consensuelle.
« Au lendemain des événements du 26 septembre et l’intention du Chef d’État de Transition d’organiser un dialogue inclusif, l’initiative a été unanimement et favorablement accueillie par tous y compris les résistants, les auto-défenses, les Antibalaka. Malheureusement, le gouvernement a commencé à prendre des décisions regrettables. Au lieu d’ouvrir un dialogue inclusif, la présidence de la République vient de publier un programme de consultation à la »roublardise ». Nous nous inscrivons en faux et répondront absent à cette mascarade », a signifié ce 12 octobre, Igor Béranger Lamaka, porte-parole du mouvement Antibalaka.
De son côté, le Front populaire pour la renaissance de Centrafrique (FPRC), dans une déclaration publiée ce dimanche, a dénoncé ce qui appelle « le caractère non inclusif de ces pourparlers ». Pour ce mouvement politico-militaire, il s’agit d’une mascarade visant à rallonger la transition en cours.
« J’ai l’impression que c’est une consultation entre amis. Tous les concernés, tous les leaders ne sont pas conviés à cette concertation. Nous ne sommes pas conviés, notre position est claire : le but de cette consultation est de proroger la transition, nous disons non à cela et il faut que cette transition prenne fin », a martelé Abdoulaye Hissein, coordonnateur du FPRC.
« Ils ont demandé d’aller aux élections, tout le monde a accepté. S’ils ont les moyens d’organiser les élections, tout le monde est prêt mais nous disons non à cette tentative de prorogation de la transition », a-t-il poursuivi.
La concertation élargie des plate-formes, partis, associations politiques et personnalités politiques indépendantes a aussi affirmé qu’elle ne prendra pas part à ce rendez-vous.
Maître Crépin Mboli-Goumba, porte-parole de cet organe, trouve que le planning des pourparlers présenté par le ministre conseiller politique chargé du Dialogue politique et social, porte-parole de la présidence de la République laisse entrevoir la volonté du régime de transition de ne pas discuter avec les vrais acteurs.
« Le conseiller politique, porte-parole de la Présidence a annoncé et décliné le planning de cette concertation en réalité, une consultation avec certaines filles et certains fils de ce pays. Aussitôt après, nous nous sommes réunis et nous avons publié un communiqué pour opposer une fin de non recevoir à cette mascarade. Parce que la manœuvre est grossière. Ce planning laisse entrevoir la volonté du régime de transition de ne pas discuter avec les vrais acteurs de notre pays ».
La présidence de la République réagit
Joint au téléphone ce lundi, le ministre conseiller politique chargé du Dialogue politique et social, porte parole de la présidence de la République, Clément Anicet Guiyama Massogo, a estimé que ces pourparlers avec les forces vives de la nation constituent une voie pacifique de sortie de crise en République Centrafricaine. Il a regretté le fait que certains mouvements aient refusé de prendre part à cette concertation.
« C’est la première fois que je vois que quand un Chef d’État demande à se concerter avec les forces vives, il y a des contestations. Quand il y a un problème dans un pays, la moindre des choses c’est de se retrouver pour en discuter. La concertation est permanente ».
Selon lui, cette concertation atteste la détermination de Mme Samba Panza de tout mettre en œuvre pour conduire aux élections libres, crédibles et transparentes avant la fin de l’année 2015. « Comme le forum l’avait recommandé, une décision des chefs d’État de la CEEAC l’a entériné, il faut faire les élections d’ici le 31 décembre 2015. Nous avons dit que le Chef d’État veut que la transition finisse dans le délai qui est prescrit », a-t-il mentionné.
C’est après être rentrée précipitamment de New York (Etats Unis), où elle prenait part à l’assemblée générale de l’ONU, alors qu’une violence meurtrière embrasait Bangui, que Mme Samba Panza avait annoncé, début octobre, une concertation avec les forces vives de la nation.