La polémique ne semble pas prête de s’atténuer dans le processus électoral en cours en République Centrafricaine. L’étau semble se resserrer davantage autour de l’opposition démocratique, d’autant que la Commission Electorale Indépendante (CEI) fait preuve d’intransigeance quant à un éventuel retour sur sa décision de clôture des candidatures. L’Opposition pour sa part estime que le chronogramme électoral a été biaisé. Quatre dossiers de candidatures à la présidentielle ont été transmis à la Cour constitutionnelle ce 12 novembre 2010, mais sans celui de Martin Ziguélé, le candidat du MLPC à l’élection présidentielle.
Parmi les 4 dossiers transmis se détachent les noms du chef de l’État sortant, François Bozizé, investi par son parti, le KNK, et celui de son prédécesseur Ange Félix Patassé, candidat indépendant qu’il a destitué en mars 2003 par un coup d’Etat. Il y a aussi Jean-Jacques Démafouth, l’ancien ministre de la Défense et chef de l’ex-rébellion de l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD,), et Justin Innocent Wilité, du Congrès Centrafricain de la Renaissance (un parti nouvellement créé).
Les deux autres postulants qui ont aussi déposé leur candidature dans les délais : Thierry Cleophas Azourouth, membre du KNK et représentant des jeunes diplômés sans emploi, ainsi que Lambert Kouet Fodé, opérateur économique indépendant seraient probablement non partants dans cette course vers la Magistrature Suprême.
Quant à la candidature de l’opposant Martin Ziguélé du MLPC, arrivée à la CEI le 09 novembre alors que tout a été clôturé la veille à minuit, c’est encore le suspens. Dans une correspondance adressée au Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation en date du 09 novembre, la CEI a demandé au Gouvernement une conduite à tenir par rapport à cette candidature de Ziguélé déposée hors délai.
A l’heure actuelle, aucune décision officielle n’a filtré des instances compétentes pour clarifier le sort réservé au leader du MLPC, seul Candidat de l’opposition ayant déposé son dossier pour la Présidentielle ; Émile Gros Raymond Nakombo du RDC, envisageant déposer le sien vers la fin de la semaine.
Le Collectif des forces du changement, qui regroupe tous les partis de l’opposition centrafricaine, a décidé de ne pas déposer de candidatures dans les délais fixés par la CEI pour protester contre la décision qualifiée d’ « unilatérale » du président Bozizé d’anticiper la période d’enregistrement des candidatures pour la terminer le 8 novembre.
Une prise de position qui a aussi interpellé le candidat indépendant Elois Anguimaté. Dans une Déclaration adressée par ce dernier au Président de la République en date du 10 novembre dernier, Mr Anguimaté conteste la clôture des candidatures au 08 novembre estimant que cette date est contraire à l’Art. 47 du code électoral centrafricain qui stipule que « le dossier de candidature doit être déposé, pour enregistrement, 30 jours avant l’ouverture des campagnes pour les élections présidentielles, législatives, régionales ou municipales ». Il déclare de ce fait, maintenir sa candidature à l’élection présidentielle, ajoutant qu’il ne déposera son dossier que dans le délai fixé par le Code électoral centrafricain en vigueur. Mr Anguimaté se dit solidaire du Collectif des Forces du Changement dont il partage les vues. Lequel Collectif a, par ailleurs, déposé un recours devant le Conseil d’État, contestant aussi la légalité du découpage électoral.
La question que se posent les centrafricains à Bangui est celle de savoir si les élections se tiendront bien effectivement le 23 janvier 2011 sans la participation des principales forces d’opposition.
Pour l’heure, on attend la publication des listes des candidatures aux législatives annoncée dans la soirée du vendredi 12 novembre.