La tension est encore montée ce mardi dans les 1er et 2e arrondissements de Bangui. Selon les habitants interrogés, la manifestation s’est déclenchée suite à l’annonce de la tuerie au PK5 dans le 3e arrondissement, de trois jeunes du quartier Lakouanga (2e arrondissement). Les victimes, d’après les explications, s’étaient rendues au PK5 pour livrer des packs d’eau en sachet de la Société Aqua. C’est alors qu’ils vont être enlevés puis tués.
« J’étais à mon bureau quand, entre 10 et 11 heures, on m’apprend que mon petit frère a été kidnappé au niveau du Km5. Ce petit frère livre des packs d’eau pure au Km5. De retour à la maison, j’ai été profondément touché », a expliqué le parent d’une des victimes sous le couvert de l’anonymat.
Ces deux arrondissements sont paralysés par des barricades érigées sur les avenues Barthélémy Boganda et David Dacko par des jeunes en colère. Des individus se sont livrés à des tirs sporadiques pour contraindre ainsi les commerces ouverts à refermer leurs portes. Les forces internationales sont donc intervenus pour éparpiller les manifestants.
Pour exprimer leur ras-le-bol, les jeunes manifestants ont vandalisé certaines maisons appartenant à des particuliers. Les forces internationales ont réussi à sécuriser le secteur et prévenir tout débordement. Les manifestants demandent au gouvernement de prendre sa responsabilité.
« Ce que vous avez vécu, Lakouanga ne l’a jamais fait. Aujourd’hui, nous sommes à un pas des élections, qu’on nous laisse aller aux élections. Je demanderais aux autorités de prendre leur responsabilité », a martelé un des manifestants.
Cette nouvelle tension intervient après la mort d’un membre d’une délégation de l’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC) au niveau du marché Combattant dans le 8e Arrondissement de Bangui.
Réaction population du PK5
Du coté du PK5, les musulmans dudit quartier, par la voix de leur porte-parole, Ousmane Abakar, ont condamné la montée de la violence de ce lundi, ayant occasionné la mort hier soir de trois jeunes du quartier Lakouanga.
« La population du 3e arrondissement condamne cet acte. Elle désire rester soudée avec les populations d’autres arrondissements. Le 3e arrondissement est vaste, il est difficile de contrôler tout le monde », a fait savoir Ousmane Abakar joint au téléphone ce mardi.
Par ailleurs, le porte-parole revient sur les circonstances de l’agression lundi des membres de la délégation du mouvement de l’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC) d’Ali Ndaras dans le 8e arrondissement. Des agressions qui auraient coûté la vie à au moins trois des membres de cette délégation.
« Hier au marché Combattant, ce sont quatre éléments de l’UPC qui avaient pris part à une réunion au niveau de l’aéroport qui ont été tués. L’un d’eux a été sauvé grâce aux forces internationales et reçoit des soins à l’hôpital ».
Réaction du gouvernement
Le ministre de la Sécurité publique et porte parole du gouvernement, Dominique Saïd Panguindji a, dans un communiqué gouvernemental publié ce 27 octobre, condamné les derniers événements. Selon le membre du gouvernement, ces événements sont le fruit d’un travail des ennemis de la paix.
« Le détonateur de cette énième crise est l’agression injuste dont ont été victimes quatre éléments de l’UPC, qui pourtant séjournaient à Bangui dans le cadre du dialogue et de la concertation, pour examiner de manière consensuelle et pacifique toutes les voies de sortie de crise. Et comme on pouvait s’y attendre, des paisibles citoyens non musulmans qui se trouvaient dans le secteur du Km5 dans le cadre de leur activité lucrative ont été malheureusement pris à partie. Dans le même temps des tentatives d’incursion ont été signalées au niveau de Castors et du 5e arrondissement. Le bilan provisoire est de sept morts et un blessé dont le pronostic vital est aujourd’hui favorable »
Tout en condamnant ces actes, le ministre Panguindji a appelé la population au calme et à la retenue.
« Le gouvernement condamne avec force cette violence inutile qui n’a pas d’autre but que d’instaurer la terreur et le chaos. Il tient par ailleurs à exprimer ses condoléances aux familles éprouvées et sa compassion aux victimes collatérales qui demeurent dans la souffrance. En direction de la population centrafricaine, en générale et de celle du 2e arrondissement de Bangui en particulier, le gouvernement lance un appel au calme et à la retenue. L’érection des barricades n’est pas une solution. Aux jeunes de Lakouanga, il est temps de vous ressaisir. Votre arrondissement est et doit rester le symbole de la cohésion sociale et du vivre ensemble sans heurts entre chrétiens et musulmans. Ne détruisez pas ce que vous avez mis du temps pour construire. C’est pourquoi nous devons tous rester vigilent et privilégier les solutions pacifiques de sortie de crise ».