Le Conseil National de Transition (CNT, le parlement provisoire) a exigé ce mardi 3 novembre 2015 la réhabilitation des Forces Armées Centrafricaines (FACA), conformément à l’adresse du Chef d’État de Transition, Catherine Samba Panza à la nation. Cette réaction fait suite à cette énième montée de violences à Bangui, la capitale centrafricaine.
Le président du CNT, Alexandre Ferdinand Nguéndet et les membres du parlement provisoire se sont concertés à huis-clos, pour faire le point sur la situation sécuritaire très préoccupante à Bangui. L’ultime exigence, redonner force aux soldats centrafricains pour assurer la défense territoriale. Les parlementaires ont estimé qu’il est temps pour le gouvernement Kamoun de joindre l’acte à la parole.
Les conseillers nationaux ont lancé l’ultimatum d’une semaine au gouvernement pour doter les FACA en moyens matériels.
Ils envisagent organiser en faveur de la paix, une marche pacifique ce mercredi 4 novembre à Bangui. Enfin, les conseillers nationaux ont projeté d’interpeller, le 11 novembre prochain, le ministre de la Défense nationale, Joseph Bindoumi, qui devra faire la lumière sur les actions déjà mises en place par le gouvernement de Transition dans le cadre du redéploiement des FACA.
Le CCR demande justice, les accusés nient les faits
Face à cette énième violence, le Collectif des Centrafricains pour la Réconciliation (CCR) exige l’arrestation des principaux leaders des groupes armés dont l’ancien ministre Abdoulaye Hissein, soupçonnés d’être à l’origine des récentes violences à Bangui. La déclaration est faite à Bangui ce lundi par le coordonnateur de cette plate-forme Sébastien Wénézouï, actuel ministre de l’environnement.
« Nous avons vu parmi ces agresseurs des personnes étrangères ne parlant ni français ni Sango, langue nationale, qui avec des bidons d’essence brûlent les maisons des déplacés et volent. Ces mercenaires sont basés derrière la rue de la mosquée centrale, devant la rue Jamaïque, aux quartiers Ramandji, Gbaya et Kina », martèle M. Wénézouï.
« Venus à Bangui sous le haut patronage de l’ancien ministre Abdoulaye Hissein et le seigneur de guerre Aroun Gaye et ses acolytes, ces tueurs et leurs patrons sont bien localisés par les forces de défense et de sécurité nationale et internationale », a-t-il mentionné. « (…), je demande aux forces internationales et à nos forces de défense et de sécurité intérieures de désarmer sans délai ces forces négatives qui sèment la terreur et versent quotidiennement le sang des centrafricains », conclut le ministre.
Mis en cause, Abdoulaye Hissein, l’un des leaders du Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique (FPRC) contacté par Radio Ndeke Luka, nient toute implication dans les tueries des 3e et 6e arrondissements.
« M. Wénézouï est impliqué dans tout ce qui se passe aujourd’hui. J’habite en ville. Je suis revenu habiter au PK5 pour atténuer ce que nous vivons dans notre propre chair en tant que Centrafricain. Si Wénézouï se permet de me pointer du doigt, c’est honteux »
Aroun Gaye, accusé d’être le chef de fil des hommes armés qui sèment la terreur au PK5, a aussi rejeté l’accusation.
« Je pense que la personne qui n’aime pas la paix, c’est M. Wénézouï. Je propose à mes frères Centrafricains de s’asseoir autour d’une table, chrétiens et musulmans, et de discuter pour ramener la paix dans le pays ».
Appel au calme du PNCN
Cyriaque Gonda, président du parti Parti National pour un Centrafrique Nouveau (PNCN), candidat à la prochaine présidentielle, condamne fermement les actes de violences qui se sont produits ces derniers temps dans la capitale.
Il estime que le président centrafricain qui sera issu des urnes ne viendra pas pour gouverner les cimetières mais plutôt les hommes. « Trop c’est trop. En tant que responsable politique et candidat à la future présidentielle, je pense que ce n’est pas une cimetière qu’on va gérer, c’est le peuple. Je demande à ce que mes frères arrêtent de continuer à verser le sang de leurs frères », réclame Cyriaque Gonda lors d’une interview accordée à Radio Ndeke Luka.
Cyriaque Gonda appelle les deux camps en conflit à la retenue. « Je suis ici pour faire un appel au calme pour supplier mes frères de laisser cette furie de violences et pour proposer une solution de sortie de crise. Chaque mois, c’est la violence qu’on offre comme plat à nos populations », a-t-il indiqué soulignant en même temps que « Les gens ne peuvent pas aller au travail, les enfants ne peuvent pas aller à l’école ».
Situation encore instable sur le terrain
Des tirs sporadiques se font toujours entendre dans les secteurs sud-ouest de Bangui, théâtres des violences ces derniers jours. Aucun bilan de cette nouvelle vague d’attaques n’est toujours pas disponible. Certaines sources parlent de nombreux dégâts humains et matériels.
Pour la première fois depuis le déclenchement de la crise dans le 6e arrondissement, Catherine Samba Panza, a dénoncé les violences et appelé lundi les centrafricains à plus de vigilance.