Le procès de l’ancien vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, qui s’ouvre lundi 22 novembre 2010 à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye anime les conversations à Bangui. Chacun évoque ses souvenirs de cette période trouble dans l’histoire du pays et raconte, parfois avec force détails comment il a vécu les événements d’à lors.
Mais si les centrafricains manifestent de l’intérêt pour ce procès pour lequel ils se sentent concernés, on note pour le moment aucune réaction officielle du côté des autorités à Bangui à quelques heures de l’ouverture de ce moment tant attendu par les victimes des crimes dont l’accusé doit répondre devant la CPI.
Jean-Pierre Bemba sera jugé pour des crimes attribués à ses troupes, principalement des viols, en Centrafrique en 2002-2003. Quelque 400 viols ont été recensés à Bangui, la capitale centrafricaine, selon l’accusation. Pour l’heure, 135 victimes ont été autorisées à participer à la procédure contre M. Bemba. Quelque 1.200 demandes restent à être examinées par la CPI. (GGD)
Une ONG locale tente de les encadrer et de leur prêter une assistance morale et matérielle. Il s’agit de l’OCODEFAD (Organisation pour la compassion et le développement des familles en détresse). Selon cette structure, de nombreuses victimes de viols sont mortes, ont le sida ou vivent avec des enfants nés grossesses non désirées. D’autres sont stigmatisées sur leur lieu de travail ou à l’école et sont obligées de vivre repliées sur elles-mêmes. Plusieurs actions d’aide ont été également été initiées par le ministère centrafricain de l’Action sociale en faveur de ces victimes des hommes de Jean-Pierre Bemba.
Les victimes seront représentées et défendues par Me Marie Edith Douzima Lawson membre de la coalition Centrafricaine pour la Cour Pénale Internationale et avocate du barreau de Bangui, et Mathias Mourouba, avocat et vice-président de l’Observatoire centrafricain des droits de l’homme.
Il est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis par des membres du Mouvement de libération du Congo (MLC), appelés à la rescousse par le président centrafricain Ange-Félix Patassé, victime d’une tentative de coup d’Etat. « C’est la première fois dans l’histoire de la justice internationale qu’un chef militaire est jugé au titre de sa responsabilité indirecte pour des viols commis par ses hommes », affirme le bureau du procureur de la CPI. Viols, pillages, meurtres: la population civile centrafricaine a été la cible cinq mois durant, entre octobre 2002 et mars 2003, d’exactions commises par les troupes du MLC, quelque 1.500 hommes venus soutenir l’armée centrafricaine en lutte contre la rébellion menée par le général François Bozizé.
Le procès se tiendra devant la Chambre de première instance III de la CPI. Elle est composée des juges Sylvia Steiner (Brésil), juge présidente, Joyce Aluoch (Kenya) et Kuniko Ozaki (Japon). Ces magistrats indépendants veilleront à ce que le procès soit conduit de façon équitable et avec diligence, dans le plein respect des droits de la défense, de l’égalité des armes et du principe du contradictoire, ainsi qu’en tenant dûment compte de la nécessité d’assurer la protection des victimes et des témoins.
On s’attend à ce que le procès de Jean-Pierre Bemba dure plusieurs mois.