Le mot d’ordre du Groupe de Travail de la Société Civile (GTSC), pour une « ville morte » ce 24 octobre a été largement observé par les populations de la Capitale. Aux premières heures de la matinée, les avenues et ronds points ont été pris d’assaut par les populations qui y ont érigé des barricades. Motos et véhicules sont moins visibles, exceptés les patrouilles de la police et de la gendarmerie nationales et de la Minusca qui, à divers endroits essuient des jets de pierre des populations en colère.
Ambiance de la journée ville morte
Dans tout Bangui, les véhicules à 02 ou 04 roues ne sont pas visibles sauf ceux du Cardinal Dieudonné Nzapalainga, de la police centrafricaine, des FACA et une ambulance. Sur l’Avenue de l’Indépendance, du Lycée Boganda au quartier Fouh, les jeunes ont érigé des barricades, d’autres jouaient au football sur la chaussée pour interdire toute circulation. Au Km 5 dans le 3è Arrondissement, selon les informations recueillies par RNL, les jeunes jetaient des pierres à ceux qui voulaient boycotter la ville-morte. Même situation sur les Avenues David Dacko et Barthélemy Boganda.
A l’intersection de la Place des Nations-Unies, les forces de la Minusca ont tiré sur une foule non-armée malgré la présence de la police nationale qui était encore en train de négocier avec les jeunes manifestants. Bilan de leurs tirs, au moins 03 jeunes ont été tués et trois autres blessés transférés au Centre Hospitalier
Universitaire de Bangui pour des soins.
Autre effet de cette ville morte, les commerces, les administrations aussi bien publiques que privées sont restées fermées et les avenues sont désertes. La commémoration – le 24 octobre de la journée des Nations-unies de cette année en République Centrafricaine a été reportée à une date ultérieure. Malgré l’appel du premier ministre Simplice Mathieu Sarandji demandant aux compatriotes de vaquer librement à leurs occupations, la Capitale centrafricaine est restée paralysée.
Réactions
C’est dans cette ambiance que les appels à la retenue se multiplient. Le Conseil National de la Jeunesse (CNJ) reste convaincu que « la voix de la violence ne mène qu’à la violence et à la mort », a déclaré Francis Mongombé, Président du CNJ qui appelle la jeunesse à « ne pas céder à la tentation de la violence ». Selon lui, les jeunes sont toujours utilisés comme « des chairs à canon, des gilets par balles pour des intérêts qu’ils ne maîtrisent pas ».
Au gouvernement, le président du CNJ demande davantage d’efforts pour que « le peuple puisse retrouver la confiance ». Aux éléments des forces internationales, Francis Mongombé exige qu’ils « arrêtent de tirer sur les jeunes, qu’ils jouent pleinement leurs rôles pour que le peuple puisse vivre librement ».
De son côté, la Coalition des Femmes pour la Paix et la Reconstruction par le truchement de Marie Solange Pagonendji Ndakala reconnaît « qu’il y a un moment de colère », ajoutant que « nous sommes tous concernés par ce qui se passe ». Pour elle, « si la société civile a décidé de descendre dans la rue, c’est qu’il y a une raison » et que le gouvernement devra les inviter à la table des discussions pour ensemble y rechercher des solutions.
De son côté, le porte-parole de la Minusca Vladimir Monteiro estime que « des événements du genre n’ont d’autres buts que de perturber les institutions qui ont été élues ainsi que la table ronde de Bruxelles ». Affirmant que les forces de la Minusca ont fait usage des « gaz lacrymogènes et des tirs en l’air », le porte-parole de l’institution onusienne ne donne pas le bilan de ses événements.
La journée « Bangui, ville morte » décidée par le GTSC, a pour but « d’exiger le retrait des casques bleus de la Minusca de la RCA », qui, selon Gervais Lakosso, « ont doublement failli à leur mission de protection des populations civiles ».
En marge de cette mobilisation, le GTSC a lancé depuis le 20 octobre, une pétition pour demander le départ des troupes onusiennes de la RCA. Cette pétition, selon les responsables du GTSC a déjà recueilli « plus de 30.000 signatures en l’espace de 72 heures ».