Le gouvernement de Simplice Mathieu Sarandji a catégoriquement refusé la mesure de grâce sollicitée par l’Union Africaine. Son porte-parole, Théodore Jousso, a précisé mercredi à la presse qu’il n’y aura pas d’impunité pour les crimes commis dans le pays. Tous les auteurs répondront de leurs actes devant la justice.
En tout cas souligne le ministre Jousso : « la justice sera rendue aux victimes pour toutes les exactions ». « L’impunité nous a amené des crises politiques récurrentes. Je ne comprends pas pourquoi cette question revient toujours », s’est-il questionné.
Il est totalement superflu de vouloir mettre en place une juridiction de haut niveau pour juger les crimes et vouloir le contraire. « On ne peut pas créer une Cour pénale spéciale, nommer des magistrats, demander et obtenir l’appui de la communauté internationale pour rendre cette Cour opérationnelle et en même temps parler d’impunité », a-t-il démontré. Pour lui, « la démarche n’est pas cohérente ».
Poursuite en justice des auteurs de troubles
Le Réseau des organisations des droits de l’homme s’oppose à toute initiative d’amnistie des responsables des violences commises. « Accorder l’amnistie aux responsables des violences en RCA garantirait l’impunité », a déclaré cette plateforme.
« Nous avons dit que l’amnistie est une violation des droits de la personne humaine », a expliqué Me Mathias Barthélémy Morouba, coordonnateur du réseau.
Des initiatives, venant de l’Union Africaine, seraient en cours en vue de ne pas traduire en justice les auteurs des troubles dans le pays. Pour le défenseur des droits humains : « aujourd’hui avec tout ce que nous avons vécu, on ne peut pas envisager ne fut-ce qu’une proposition de loi ou encore un projet de loi concernant une amnistie quelconque ».
Mathias Barthélémy Morouba a estimé que derrière cette loi d’amnistie se cache « l’impunité ». Il a souligné par ailleurs que « l’Union Africaine n’est pas l’unique institution qui a commencé à traiter cette question d’amnistie en République Centrafricaine ». Pour lui, « il faut dire non à cela ». Car « l’amnistie ne peut que provoquer d’autres situations que nous allons regretter demain », a-t-il martelé.
Une solution pour l’arrestation des criminels de guerre
Le collectif des forces vives de la nation ont obtenu plus de 600.000 signatures pour ordonner l’arrestation d’Ali Darassa de l’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC) ainsi que les autres chefs de guerre. Le résultat de la pétition a été publié ce mercredi à Bangui.
« Après un mois et demi, nous avons aujourd’hui plus de 600.000 signatures. Nous avons travaillé sur 8 préfectures et la ville de Bangui », a indiqué l’un des initiateurs Ferdinand Alexandre Nguéndet, président du RPR. Il estime que « 600.000 signatures, c’est un message fort que le peuple a envoyé au gouvernement ».
A travers ces signatures, les organisations ont dénoncé « un silence complice des décideurs ». Ils pensent que « les jours d’Ali Darassa sont comptés et que d’ici peu il sera de gré ou de force arrêté et remis à la justice nationale ou internationale ».
« Un mémorandum sera transmis au Représentant spécial du secrétaire général des l’ONU, Parfait Onanga Anyanga », a expliqué M. Nguéndet en attendant d’autres stratégies à mettre en œuvre.