La situation sécuritaire est encore tendue à Bangassou dans le Mbomou. Des tirs à l’arme lourde et légère sont entendus depuis la nuit de vendredi à samedi. La base de la Mission onusienne a été attaquée par des hommes armés assimilés à des Antibalaka.
La Minusca a dépêché sur place un hélicoptère qui serait en train de survoler les positions des Antibalaka. Des frappes aériennes seraient également signalées.
La psychose est généralisée et la population est restée bloquée à domicile. « La situation est dramatique et c’est l’aviation de la Minusca qui est en train de bombarder les Antibalaka à l’aérodrome », a témoigné un habitant sous couvert de l’anonymat. Selon cette source, « les musulmans ont fui pour se réfugier à l’église Tokoyo Christ Roi », soulignant par ailleurs que le centre de la ville est calme.
Pas de bilan disponible à l’heure actuelle. Selon plusieurs sources, plusieurs personnes auraient été tuées dont un casque bleu. De nombreux blessés seraient aussi conduits à l’hôpital.
L’ambassadeur de France à Bangui réagit
Lors d’une interview exclusive accordée à Radio Ndeke Luka ce jeudi, Christian Bader, s’est dit indigné de l’attaque lundi du convoi des casques bleus. Pour le diplomate, l’insécurité est entretenue par des bandes armées organisées dans le but de lutter contre la paix. Le haut représentant français remet en cause l’efficacité des leaders de ces groupes armés.
« Je voudrais dire que nous avons été extrêmement choqués par ce qui s’est passé il y a quelque jour à Bangassou au cours desquels des casques bleus ont été massacrés dans des conditions abominables », s’est révolté Christian Bader soutenant que « l’insécurité persiste » et « qu’il y a des forces dans ce pays qui travaille contre la paix », malgré le processus Désarmement-démobilisation-réinsertion et rapatriement (DDRR) auquel se sont adherés l’ensemble des groupes armés. L’ambassadeur estime que ce « processus est vertueux et qu’il faut l’encourager ».
Christian Bader reste très réservé sur la représentativité des groupes armés au niveau de la capitale, Bangui. « Je ne suis pas du tout sûr que ces gens puissent effectivement parler au nom des bandits, des voyous et des criminels qui sont à l’œuvre » dans les parties du pays où règne l’insécurité.
Les obsèques des 5 casques bleus
Civiles et militaires étaient ce vendredi au quartier général de la Minusca pour rendre un dernier hommage aux casques bleus, 4 cambodgiens et 1 marocain, morts à 25 km de Bangassou. Un choc pour Parfait Onanga Anyanga, chef de la Minusca.
« Même si nous avons vacillé sous le choc, nos pas sont restés fermes sur la terre accueillante de Centrafrique où nos valeureux soldats sont tombés, dignes et braves, malgré les coups ignobles et lâches de leurs bourreaux. Ils sont tombés ; ils sont debout avec nous à jamais héros immortels, graines de la paix semées, pour que la terre et l’espoir refleurissent, l’espoir d’une vie nouvelle », a déclaré Parfait Onanga Anyanga, le cœur meurtri.
Pour le chef de département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, Jean Pierre Lacroix, spécialement venu pour les funérailles. « Cette attaque contre la Minusca, qui est la plus meurtrière depuis le début de la mission, ne restera pas impunie », a-t-il martelé précisant que le Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en République Centrafricaine mettra tout en œuvre pour poursuivre les auteurs de ces actes d’une extrême cruauté, devant la justice.
Jean Pierre Lacroix a salué le courage des 10 autres soldats cambodgiens et marocain blessés rencontrés à qui il a souhaité prompt rétablissement.
Le chef du gouvernement, Simplice Mathieu Sarandji, s’est incliné devant les cercueils des militaires onusiens. « Au nom du peuple centrafricain, je partage cette douleur avec la famille des Nations Unies et celles des soldats. Je suis attristé et je m’incline devant leurs corps au nom du présidente de la République ».
Le président de l’Assemblée nationale et quelques membres du gouvernement ont pris part à cette commémoration.