« La République Centrafricaine ne sera jamais abandonnée entre les mains des semeurs de la mort ». C’est par ces mots que Faustin Archange Touadéra s’est adressé à la population dimanche après-midi à sa descente d’avion à l’aéroport Bangui M’Poko.
« De graves crimes ont été commis dans le pays notamment à Alindao, Bangassou et ses environs après des actes également malheureux récemment à Niem-Yéléwa. Des Centrafricains sont morts. D’autres ont fui et sont rentrés en brousse », a martelé Faustin Archange Touadéra. Il s’est inquiété que « des soldats de maintien de la paix sont morts alors qu’ils sont venus porter assistance au pays », expliquant que « des hommes violents détiennent encore des armes ».
Avec des mots durs, le Président s’inscrit contre ces agissements. « Je condamne avec la dernière énergie cet acte criminel et odieux, contraire à la volonté du peuple centrafricain » qui selon lui « aspire à la paix pour assurer le développement du pays ».
Le Chef de l’Etat se dit déterminé à ce que dans les mois à venir l’armée nationale soit déployée aux côtés des populations. Il en appelle à une cessation immédiate des hostilités. « Aux principaux responsables des différents groupes armés pour qu’ils arrêtent ces violences aveugles et injustifiées qui ne mènent à absolument rien et à maintenir le pays dans le désordre ». Pour Faustin Archange Touadéra, « la poursuite de la violence les expose à la justice qui sera très sévère à leur endroit étant donné la gravité des crimes et leurs proportions ».
De retour d’une tournée de dix jours en Israël, le Chef de l’État a annoncé qu’il ferait dans les prochains jours, un déplacement à Bangassou.
Difficile de donner un bilan selon la Minusca
Le directeur de l’information, Hervé Verhoossel, dit ne pas disposer d’un bilan exact, mais quelques victimes ont été enregistrées. « L’attaque de la Minusca a fait un mort, un casque bleu de la paix d’origine marocaine et un second soldat marocain blessé mais ses jours ne sont pas en danger », a précisé l’onusien.
« Ce que nous déplorons aussi surtout, ce sont des civils décédés et blessés mais nous ne pouvons à l’heure actuelle donner de chiffres à ce niveau là », soulignant que dans les prochains jours, les humanitaires, la Minusca où les autorités pourront donner des chiffres réels.
« Nous appelons l’ensemble des membres des communautés religieuses, des organisations diverses mais également de la classe politique à ne pas utiliser négativement un évènement comme celui-ci, à ne pas pousser les gens à la revanche. Nous parlons ici de la Centrafrique et de la paix. Nous devons maintenant tous ensemble nous retrouver pour aller dans la bonne direction », a conclu Hervé Verhoossel.
Le Cardinal Dieudonné Nzapalaïnga était ce dimanche à Bangassou pour entamer des pourparlers avec les assaillants, qui réclameraient qu’on les appelle des auto-défenses et non un groupe armé.
De milliers de personnes se sont réfugiées à l’église catholique et à la mosquée centrale. La situation humanitaire se dégrade davantage. MSF appelle à un cessez-le-feu pour permettre aux blessés un accès aux soins médicaux d’urgence.
Bangassou est investi depuis samedi matin par des hommes armés assimilés à des Antibalaka.
Nana Mambéré : La ville de Niem enfin libérée
C’est un ouf de soulagement. Après plus de dix jours d’occupation, les hommes armés de 3R du chef rebelle Sidiki ont finalement décidé de se retirer volontairement de la localité ce lundi. La nouvelle a été rendue publique par Patrick Gonbadru, porte parole de ce groupe.
« Nous tenons à informer les autorités, la Minusca et la population de Niem qu’à compter de ce jour, nous retirons tous nos éléments sur le terrain pour que cette commune soit sans armes », a-t-il annoncé sur les ondes de Radio Ndeke Luka. Selon lui : « ni les éléments de 3R ni les Antibalaka ne doivent se promener avec une arme ».
Le porte-parole en appelle à la communauté internationale notamment la Mission onusienne pour un meilleur suivi de cet engagement. « La Minusca doit prendre ses responsabilités pour que la population vaque librement à ses occupations », estimant que « la guerre n’a jamais rien construit ».
« J’en profite pour lancer un appel à nos compatriotes Antibalaka d’observer une trêve de trois mois afin qu’aucun camp n’attaque l’autre et que le vol de bétail cesse », a-t-il souhaité insistant sur le fait que si cette décision est respectée, elle pourrait conduire « à une paix durable ».
Les rebelles de 3R avaient occupé la commune d’élevage de Niem-Yéléwa depuis le 4 mai. Malgré l’ultimatum de la Minusca expiré le 7 mai, ces hommes armés n’ont pas cédé jusqu’à leur retrait ce 15 mai.