Au moins une trentaine de personnes sont mortes suite à l’attaque visant la base onusienne et le quartier Tokoyo dans la nuit du 12 au 13 mai dernier. Selon le premier compte communiqué par la Minusca ce mardi, 6 casques bleus ont été tués, 26 civils retrouvés morts, et 32 autres blessés.
Le bilan fait état de civils et combattants tués. Au moins 20 blessés sont pris en charge à l’hôpital de Bangassou. Pour le moment, un partenaire assure les urgences médicales, tous les autres ont suspendu leurs activités. Des pillages de biens, des incendies de boutiques et d’habitations ont également été signalés, notamment au marché central et celui de Tokoyo.
Le nombre de déplacés a considérablement augmenté. Au 15 mai, ils sont passés de plus de 3000 à plus de 7200. Grâce au plaidoyer de la communauté humanitaire, entre 2 000 et 2 500 personnes ont été déplacées de la Mosquée de Tokoyo et conduites au Petit séminaire. De nombreuses personnes ont traversé la frontière vers la RD Congo où un foyer de la fièvre à virus Ebola vient d’être déclaré dans une localité située à près de 250 km de la frontière.
D’après les premières estimations, il semblerait que 25.000 personnes auront besoin d’une aide humanitaire d’urgence. L’insécurité empêche toujours les acteurs humanitaires de se déplacer dans la ville.
Les vols humanitaires peuvent à nouveau atterrir à Bangassou. Un pont aérien a été mis en place. A partir du 16 mai, une rotation quotidienne est prévue au moins jusqu’à vendredi. Elle permettra d’acheminer l’aide urgente aux plus vulnérables mais transportera aussi les équipes d’appui pour le matériel.
Afin d’apaiser les tensions, la radio communautaire ‘‘Mbari’’ qui émet à nouveau, diffuse des messages de paix.
Situation humanitaire alarmante
Selon un rapport de la Coordination des affaires humanitaires des Nations Unies en Centrafrique (OCHA) publié lundi 15 mai, la situation en cours à Bangassou produira de nouveaux besoins. Un financement supplémentaire sera nécessaire pour venir en aide aux vulnérables. A ce jour, le Plan de réponse humanitaire d’un montant de 399,5 millions de dollars n’a reçu qu’un financement de 64,8 millions soit 16% du montant requis.
Une solution pour une sortie de crise
Les ressortissants du Haut Mbomou, Mbomou et Basse Kotto ainsi que leurs députés s’investissent pour trouver une voie de sortie face à la crise sécuritaire. Ils ont tenu une réunion ce lundi à Bangui après l’attaque armé dans la ville de Bangassou.
La rencontre vise à mobiliser les énergies contre l’insécurité et l’urgence humanitaire dont font face les habitants de ces préfectures.
« Nous avons un double objectif au niveau de la Cathédrale, de la Mosquée de Tokoyo, d’Alindao, de Mingala, il y a des femmes, des enfants et des hommes qui souffrent et qui n’ont pas de quoi à manger », a expliqué Serge Singha Béngba président du collectif des élus de Bangassou.
Les parlementaires envisagent de rencontrer le Président de la République et les autorités de la Minusca pour échanger sur la question.
Des réactions dans la capitale
A Bangui, les associations de victimes de la société civile ont marché pour protester contre la recrudescence de la violence dans le centre-est du pays. Au point de chute à la Primature, les manifestants ont remis à la fin de leur marche un mémorandum au chef du gouvernement Simplice Mathieu Sarandji.
D’autres mémorandums sont destinés aux ambassadeurs de France, des Etats Unis, et au chef de la Minusca, Parfait Onanga Anyanga. Les associations des victimes réclament une seule chose : la paix et la sécurité.
Sur les pancartes sont inscrits les messages : ‘‘Oui à la justice et à la réconciliation, nous avons été pillés, violés, tués mais où est la justice ?’’ ‘‘Non à l’amnistié générale’’. Pour les ressortissants de la Basse Kotto, Ali Darassa doit quitter le territoire.
Les victimes des événements de 2012 à nos jours ont exprimé leur émotion par rapport à la dégradation du climat sécuritaire. « La quasi-totalité du pays est devenue le nid des bandes armés qui continuent de tuer, incendier, piller en toute impunité. La situation des victimes va de mal en pis », s’est inquiété Basile Djamdo, représentant les victimes de Kaga Bandoro dans la Nana Gribizi.
Les récentes violences à Alindao dans la Basse Kotto ont profondément touché Hélène Léa Rendez Ambaye. « Je suis vraiment désolée par ce qui se passe dans l’arrière-pays. Précisément à Alindao, je n’ai pas pu supporter ma sœur cadette a été enlevée ainsi que beaucoup de gens ».
Le Premier ministre Simplice Mathieu Sarandji a livré un message d’espoir aux victimes. Pour lui, il n’y aura pas d’amnistie. « Ce sont des veuves, ces sont des orphelins que nous avons en face de nous aujourd’hui. Ceux-là ne réclament qu’une chose : que justice soit faite », a précisé le chef du gouvernement.