Lors de sa rencontre ce 1er juin avec plus d’une cinquantaine de leaders de la société civile, Toussaint Muntazini Mukimapa, a plaidé en faveur d’une franche collaboration.
« Je voulais profiter de ce lien de confiance qui existe entre la société civile et la population civile pour fonder mon action en vue d’accéder aux victimes ». Le magistrat chargé désormais de mener les accusations contre les criminels à la Cour pénale spéciale (CPS) a remarqué que les populations sont dans l’espoir.
« Depuis une semaine que je suis en Centrafrique, j’ai constaté une grande attente de la population, une forte attente des victimes même des autorités », a-t-il relevé ajoutant « être conscient de cela ».
Toussaint Muntazini Mukimapa compte aujourd’hui sur la participation des différents acteurs impliqués dans cette lutte contre l’impunité. « La Cour pénale spéciale, elle-même, ne pourra rien faire si elle ne bénéficie pas de l’appui de la société civile, des autorités publiques et de tous les partenaires notamment techniques et financiers ».
Pour ce spécialiste de droit, cette collaboration ONG/CPS va permettre d’établir des passerelles de communication pour avoir « des informations et pour accéder aux victimes ». Le Haut magistrat dit compter sur chaque organisation de la société civile pour mener à bon port sa mission.
« Je voudrais saluer tout le travail effectué préalablement à l’installation de la Cour pénale spéciale pour assurer la protection des civils, les identifier parce qu’il est important que nous puissions connaître les victimes pour prendre leurs déclarations »
Selon le procureur même si « les trois-quarts du pays sont encore sous la coupe des bandes armées, il y a des ONG qui travaillent » dans ces zones et qui peuvent fournir des informations.
Mr. Muntazini Mukimapa a relevé que sa stratégie de poursuites ou encore « document de politique générale » sera développée en fonction de certains éléments fournis par le rapport des crimes, la Minusca, le gouvernement et les organisations de la société civile.
Nouvellement arrivée à Bangui, le procureur a fermement rejeté l’idée d’une amnistie pour les auteurs d’exactions commises en Centrafrique. Toussaint Muntazini Moutimapa devra se consacrer avec son équipe à instruire les dossiers des différents crimes commis par les différents groupes armés depuis le 1er janvier 2003. Il s’agit notamment des « crimes de guerre, crimes contre l’humanité et autres violations graves des droits de l’homme ».
Le magistrat congolais a indiqué que « pour l’instant le parquet de la CPS est légalement composé. Le Chef de l’Etat a voté le procureur spécial, le procureur spécial adjoint qui est un Centrafricain, un substitut national et un autre qui est Canadien ».
« Nous avons deux juges dames internationales et des juges d’instruction nationaux. Deux autres sont à la chambre d’accusation », a-t-il précisé.
Selon le procureur de la CPS, « il reste encore à désigner les juges de la chambre, les autres personnels des greffes qu’il faudrait pourvoir et l’unité des officiers de police judiciaire dont le processus de sélection est en cours ». En tout cas « nous avons bon espoir qu’avant la fin du mois de juillet, les magistrats internationaux seront à Bangui », a-t-il conclu.
La Cour pénale spéciale a été créée le 3 juin 2015 au sortir du forum national de Bangui. Ignorant tout sur la date de prestation de serment, Toussaint Muntazini Mukimapa, estime que cela pourrait être fin juillet ou avant mais que cela ne dépend pas de lui.