43.000 personnes sur 47.000 que compte le chef lieu de la Haute Kotto ont fui leurs domiciles pour se réfugier dans sept sites répartis dans la ville. Le plus grand étant celui de Pk3 à proximité de la base de la Mission onusienne avec 19 hectares de superficie. La création de l’espace vital autour de ce site occasionne la destruction de l’environnement. Deux hauts responsables de OCHA, John Ging, Directeur des Opérations du Bureau et Najat Rochdi, son Coordonnateur humanitaire en Centrafrique s’en ont aperçu ce lundi à Bria.
Les conditions de vie sont extrêmement précaires sur le site de Pk3 a dénoncé Octavie, une mère au foyer. « Les bâches qui sont distribuées ne nous suffisent pas. Nous souffrons énormément lorsqu’il pleut. Nous restons debout avec nos enfants sous les bras », s’est-elle indignée, tout en s’interrogeant sur le délai de leur « retour à domicile ».
Le représentant de la jeunesse, Armand, ne cache pas son exaspération de voir des gens vivre dans cet état. « A cause de la guerre, nous avons abandonné toutes nos activités pour rester sur le site. Les repas que l’on nous sert font pitié. Pour un ménage de 16 enfants, 12 kilogrammes de riz pour une semaine », a-t-il expliqué estimant que « c’est insignifiant ». Selon ce leader : « les gens dorment à proximité des toilettes » et dans la « psychose permanente de l’attaque du site par des hommes armés ».
Du côté de OCHA : « On se rend compte directement que c’est un nouveau village qui s’est créé avec plus de 40.000 personnes qui vivent une souffrance absolument terrible », a remarqué Najat Rochdi, Coordonnateur humanitaire. L’onusienne précise qu’une assistance a été lancée en faveur de cette population.
« Nous avons le fonds humanitaire qui nous a permis de débloquer un fonds d’urgence pour pouvoir apporter assistance », a-t-elle indiqué espérant « qu’à un moment donné, nous allons vraiment pouvoir les accompagner pour qu’ils retournent dans leurs quartiers avec des solutions durables ». Najat Rochdi a par ailleurs déploré « le niveau très bas des financements » dont l’institution dispose à l’heure actuelle.
Au cours de ces trois dernières semaines, le chef lieu de la Haut Kotto a été le théâtre de violents affrontements entre ex-Séléka et Antibalaka. La principale ville minière (diamant et or) du nord-est de la République centrafricaine ne représente aujourd’hui que l’ombre d’elle-même. Les quartiers habités par la communauté non musulmane sont déserts. Dans les secteurs gardés par les hommes en armes, circulent les membres de l’autre communauté.
La visite de John Ging, Directeur des Opérations du Bureau de OCHA, intervient au moment où le pays connaît un pic de violence dont les conséquences ne font qu’augmenter les besoins humanitaires.