La communauté « Entente de Sant’Egidio », demeure toujours préoccupée par le rétablissement de la paix en République centrafricaine. Une kyrielle d’accords ont été signés par le passé, un nouveau texte vient s’ajouter. Le Gouvernement, treize groupes politico-militaires, la communauté de Sant’Egidio, la société civile et certains hommes politiques centrafricains ont validé ce document.
Sur dix pages, il est intitulé « Accord politique pour la paix en République centrafricaine » et s’est articulé autour de trois points. Les signataires s’engagent sur le plan politique, le plan sécuritaire enfin le plan économique, humanitaire et social.
Au plan politique, les groupes armés sont sommés de cesser le feu sur l’ensemble du territoire condition sine qua non du retour à la normale. Le Gouvernement devra prendre en compte « les groupes politico-militaires a tous les niveaux relatifs aux DDRR, Réformes du Secteur de la Sécurité et la Réconciliation nationale », mentionne l’accord. Dans la mise en œuvre des programmes de reconstruction du pays, il est prévu « la prise en charge des leaders des groupes par le Programme National du DDRR, afin de réaliser une meilleure coordination entre les Nations Unies, les mouvements politico-militaires et les autres institutions internationales » sur le processus.
Figure dans l’accord « la reconnaissance des groupes politico-militaires comme partie prenante de la reconstruction, une fois engagés dans un processus de transformation en partis et mouvements politiques, qui aboutira à l’enregistrement de nouvelles formations politiques dans le cadre légal de l’Etat ».
Sur la base de cette Entente de Sant’Egidio, « le Gouvernement, ensemble avec le Représentant spécial du secrétaire général, s’engage à entamer une consultation sur la levée des sanctions pour les personnalités centrafricaines, qui relève du Comité des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies ».
Sur la sécurité, l’accord exige « la réouverture du territoire national à la libre circulation des personnes et des biens avec la levée des barrières illégales ». Il est fait exigence sur « la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’étendue du territoire national par le biais du retour des autorités administratives » ainsi que « la mise en place d’un mécanisme conjoint de sécurité ». Il est aussi demandé « l’insertion, après sélection (…) de membres des groupes politico-militaires dans les forces de défense » sans oublier la régularisation des « anciens militaires ayant intégré ces groupes ».
Enfin sur le plan économique, humanitaire et social, cet énième accord se fonde sur la reconstruction des « infrastructures socio-économiques de base » avec des priorités : « routes, écoles et hôpitaux ». Ces travaux doivent se réaliser à travers la « haute intensité de main d’œuvre urgente, orientée vers les ex-Combattants, les jeunes ». Il est également garanti « la libre circulation des ONG nationales et internationales et la protection des humanitaires », d’un côté et de l’autre le « retour de tous les réfugiés et personnes déplacées ».
« La distribution, après identification, de kits (outils agricoles, semences, bétail, matériel de construction ou autre) pour ceux qui choisissent de retourner à la vie civile » sont autant de mesures d’accompagnement prévues dans le document.
13 groupes politico-militaires ont signé l’accord. Au nom du Gouvernement, Charles Armel Doubane, ministre des Affaires étrangères et Georges-Isidore-Alphonse Dibert, Conseiller politique du Président de la République ont apposé leurs signatures. Le chef de la Minusca, Parfait Onanga-Anyanga, présent lors des débats n’a pas signé cet « Accord politique pour la paix en République centrafricaine ». Il en est de même pour Mario Giro, Vice-ministre des Affaires étrangères de l’Italie.
Un premier accord a été signé à Libreville en janvier 2013 et le second à Ndjamena en avril 2013. En septembre de la même année, un appel à la paix a été aussi signé à Sant’Egidio. Plusieurs accords ont suivi notamment, à Brazzaville en juillet 2014, à Nairobi en janvier 2015 et en marge du forum de Bangui de mai 2015. Les Centrafricains s’interrogent aujourd’hui sur la fiabilité de ces multiples accords.
Des tirs ce mardi à Bria
La ville a été secouée par des coups de feu aux premières heures de la matinée. Selon des sources locales, les affrontements ont opposé Antibalaka et une faction Séléka. Des détonations d’armes lourde et légère ont été entendues pendant plusieurs heures.
« Depuis ce matin vers 5h 45, les combats ont commencé aux alentours de la piste de l’aérodrome et dans les quartiers Mandé, Ndoméndé, Piango. La population est totalement traumatisée et sur le site des déplacés tout le monde se concentre vers la base de la Minusca », a décrit un témoin sous couvert de l’anonymat qui a expliqué que les Antibalaka ont été repoussés.
La formation sanitaire de la ville a enregistré quelques blessés comme le souligne cet habitant joint au téléphone : « des blessés sont arrivés à l’hôpital mais nous n’avons pas de bilan. Sur le site des déplacés, deux personnes ont reçu des balles et ont été évacuées pour des soins ».
Selon les mêmes sources, « ce sont les ex-Séléka qui occupent la ville », soutenant qu’il y a eu « des actes de pillage » et que « le site des déplacés est complètement bouclé par les forces de la Minusca ».