La situation sécuritaire demeure toujours tendue dans cette ville du Haut Mbomou situé à 212 kilomètres d’Obo sur l’axe Bangassou. Assiégée depuis mercredi 28 juin par des hommes armés, assimilés aux éléments de l’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC), les combats se sont intensités ce jeudi soir.
« Depuis hier soir, les données ont changé avec la montée en puissance des auto-défenses. Cette fois-ci les combats opposent les combattants supposés de l’UPC aux auto-défenses », a témoigné Ghislain Dieu-Béni Koléngo, préfet du Haut Mbomou.
« La Croix rouge locale ni même l’ONG MSF ne sont pas en mesure de sillonner les rues pour ramasser les cadavres qui commencent à être mangés par les porcs. Certaines ruelles dégagent une odeur nauséabonde. Pas de bilan, fiable pour l’instant mais il pourrait être lourd », a indiqué le préfet. Des pillages sont signalés et chaque groupe armé revendique la victoire.
« La situation sécuritaire est encore délétère et difficile à maîtriser. Il y a lieu qu’une force onusienne vienne s’interposer pour imposer la paix », a-t-il souhaité.
Face à cette monté de violences, le député de Zémio, Martin Dalou-Wamboli, lance un SOS. « Présentement à l’hôpital, au camp du HCR et dans les différentes églises, les gens sont regroupés. Hier, ils [Ndlr : éléments UPC] allaient attaquer l’église catholique. Le prêtre a appelé la Minusca qui s’est interposée pour protéger les déplacés », a expliqué l’élu de la nation. Par ailleurs, « les conditions de vie deviennent difficiles, manque d’eau potable et de nourriture. Les gens dorment à même le sol avec tous les risques ».
La sécurité va de mal en pis avec ce pic de violence. Et pour Jean Serge Bokassa, ministre en charge de ce volet « nous assistons à une sorte de guerre de territorialité où chacun essaie d’occuper des zones. Nous voyons tout le drame, les dégâts collatéraux et les grosses pertes en vies humaines. Nous assistons à des groupes plutôt militaro-criminels que militaro-politiques ».
Aujourd’hui, relève-t-il : « l’armée a été défaite, privée des moyens organiques dont elle a besoin, nos forces de sécurité intérieure plus ou moins affaiblies. Quand on veut se pourvoir en armes on a en face un embargo. Ce sont des éléments qui constituent la pesanteur à laquelle on est confronté »
A l’occasion du 241e anniversaire de l’indépendance des Etats Unis célébré ce jeudi en différé à Bangui, l’ambassadeur Jeffrey Howkins en fin de mission, a réitéré l’engagement de son pays auprès de la République centrafricaine.
« Nous sommes très préoccupés par la situation sécuritaire dans l’Est et un peu partout », a fait savoir le diplomate. Pour lui, « les troupes américaines étaient en Centrafrique en soutien aux forces de l’Union Africaine qui se battaient contre la LRA. Ce n’est pas pour autant que les Etats Unis abandonnent la RCA. Au contraire, notre engagement est très fort. Nous soutenons les FACA. Nous sommes en train de fournir ces jours des équipements assez importants à la formation. Nous avons une équipe qui vient la semaine prochaine pour former les logisticiens de FACA ».
Représentant son homologue des Affaires étrangères à cet anniversaire, Justin Gourna Zako, ministre des Télécommunications chargé des nouvelles technologies a souligné que « La RCA a besoin en ce moment de toutes les contributions de ces pays amis », notifiant « en tant que Gouvernement, il faut faire de telle sorte que notre armée devienne opérationnelle et prenne la relève des forces internationales ».
En illustration: Ghislain Dieu-Béni Koléngo, préfet du Haut Mbomou