En l’espace d’une semaine, des prêtres de l’Eglise catholique ont été soit tués, soit ont fait l’objet d’une tentative d’assassinat, ou encore contraints à fuir le presbytère pour se réfugier ailleurs. Monseigneur Nestor Désiré Nongo Azagbia, évêque de Bossangoa et Vice-président de la Conférence épiscopale de Centrafrique (CECA) a reconnu ce jeudi 7 septembre dans une interview exclusive à Radio Ndeke Luka que « la vie des prêtres est menacée » dans certaines villes de province.
« On m’a parlé d’un prêtre suspend assassiné à Zémio. On a évoqué le cas d’un autre à Bria qui a échappé à un attentat et du curé de Bozoum qui serait séquestré avant d’être relâché. Ces situations qui affectent les prêtres à l’intérieur du pays, affectent tous les Centrafricains de manière générale », a relevé l’évêque.
Monseigneur Nongo Azagbia invite les autorités du pays, la Minusca ainsi que toute la population à s’engager davantage pour le retour de la paix.
« L’Etat a la responsabilité régalienne de garantir la sécurité de tous ses citoyens. J’en appelle à la Minusca, venue appuyer le Gouvernement dans la résolution de cette crise. J’adresse aussi un vibrant appel au peuple centrafricain. Que nous nous engageons chacun en sa capacité à rétablir la paix par le dialogue et la discussion », estimant que le recours aux armes et à la violence n’est pas la solution idoine à la crise centrafricaine.
L’Eglise catholique condamne ces violences qui ciblent ses prêtres et appelle les hommes en armes à une cessation des hostilités.
Les religieux visés en ce début de septembre 2017
A Bria dans la Haute Kotto (est du pays), l’abbé Ephrem Pounaba, curé de la paroisse Saint Louis, a manqué à une tentative d’assassinat. Les faits se sont déroulés lundi 4 au presbytère aux environs de 11 heures. Deux éléments ex-Séléka, tous armés de Kalachnikov, se sont infiltrés dans la concession de l’église. « Ils ont tiré quatre balles après m’avoir brutalisé et fait tomber », a-t-il expliqué. Seulement, sa vie est hors de danger.
Dans le nord précisément à Ngaoundaye (Ouham Péndé), le père Roberto, d’origine polonaise et curé de Ndim, a été pris en otage dimanche 3 en compagnie de Madame le Maire. Il a été séquestré, molesté avant d’être relaxé par ses ravisseurs. Le député de la circonscription, Bernard Dillah, pointe du doigt le Mouvement Patriotique Centrafricain (MPC), une faction ex-Séléka active dans la préfecture et dirigée par le chef rebelle, Mohamedi Bahar.
Enfin le 2 septembre, l’abbé Louis Tongagnessi, prêtre suspens du diocèse de Bangassou, a été tué dans la localité de Zémio (Haut Mbomou) à 1050 km de Bangui par des hommes armés assimilés à des Peuhls. En famille depuis deux ans, il enseigne au collège de Zémio. Les circonstances de cet assassinat ne sont pas encore élucidées.
Face à la montée des atrocités, deux prêtres de Zémio, Jean Alain Zémbi et Désiré Blaise Kpangou ont été obligés comme les acteurs humanitaires de quitter la ville le 1er septembre pour se réfugier en RD Congo. Les locaux du presbytère ont été systématiquement pillés par les hommes armés.