A quelques jours de la visite du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres en Centrafrique, la tension gagne une partie de Bangui. Les manifestations (ville morte) organisées au Pk5 à la suite des violences à Kémbé et à Pombolo, ont donné lieu à des méfiances entre le 3e arrondissement et ses voisins.
Ce dimanche 22 octobre, la sécurité a été renforcée autour des églises situées à la périphérie du Pk5.
« Selon les informations, les habitants de Fatima, Cattin, Bibalé et autres seraient en train de courir par rapport aux rumeurs dissimulées en leur sein faisant état d’une éventuelle attaque de la communauté musulmane contre les églises de Fatima, celle des Frères des Castors et autres », a indiqué Henri Wanzé Linguissara, ministre de la Sécurité publique dans un communiqué sur la Radio Nationale.
Selon le membre du gouvernement, certaines personnes mal intentionnées ont propagé de fausses rumeurs dans les mosquées, arguant qu’une attaque armée était en préparation contre le Pk5.
« Puisque le gouvernement a mobilisé des moyens pour faire face à ces allégations mensongères, ces détracteurs, ennemis de la paix sont repartis sur leurs pieds pour dire dans les mosquées au Km5 que le gouvernement aurait mobilisé des Antibalaka et des mercenaires Ougandais pour attaquer le Km5 », a déploré le ministre.
Face à cette manœuvre susceptible de raviver les tensions intercommunautaires, le gouvernement rassure les habitants du secteur et les appelle au calme.
« En tant que ministre de la sécurité publique, j’en appelle à l’attention de tous les compatriotes du Km5 que le gouvernement a la mission d’assurer la protection de la population… aucun Antibalaka ni Ougandais ne peut attaquer la position du Km5 », a fait savoir Henri Wanzé Linguissara.
Le gouvernement n’entend pas rester sur ces déclarations. Il affirme que « ces compatriotes véreux, ennemis de la paix sont connus. Ils seront dévoilés », précisant que « leurs allégations mensongères ne serviront à rien ».
Le ministre de la sécurité appelle par ailleurs, la population à la vigilance et la préservation des acquis de la cohésion sociale. « La police et la gendarmerie sont à vos gardes », a martelé M. Linguissara.
L’insécurité, une épine après la rencontre de novembre 2016 à Bruxelles
Le Haut représentant de la France en République Centrafricaine, Christian Bader, a souligné mercredi 18 octobre 2017 à Bangui que la persistance des violences après la mobilisation de Bruxelles est une anomalie.
« Nous savons tous que ces violences sont entretenues par des personnes qui ont un intérêt tout à fait immédiat à ce qu’elles continuent. Ce ne sont pas des gens qui ont un esprit civique, mais il est très clair que ce pays entre dans une phase de paix qui lui permet de se consacrer à autre chose que de porter assistance à des déplacées internes et à mettre en œuvre le plus vite possible les programmes qui ont été décidés après Bruxelles et que les centrafricains attendent », a lancé le diplomate français.
Pour M. Bader, « rien de définitif ni de stable n’arrivera dans ce pays si ça ne vient pas des Centrafricains eux même qui ont à mon avis toutes les raisons d’y arriver ».
L’ambassadeur a souhaité que les groupes armés saisissent l’opportunité du Président Faustin Archange Touadéra pour contribuer au rétablissement de la paix dans le pays.
« C’est une main tendue d’un Président régulièrement élu qui cherche peut être à asseoir la dimension de son pouvoir, en associant tous les Centrafricains. Je crois que le message doit être bien compris. Ce n’est pas du tout un signe de faiblesse, c’est un signe d’ouverture, qui doit permettre à tous de comprendre qu’ils doivent réaliser demain, les progrès qu’on attende d’eux », a t-il conclu.
Photo : Ministre de la Sécurité publique, Henri Wanzé Linguissara