Depuis sa prise de fonction en janvier 2017, le Portugais Antonio Manuel de Olivieira Guterres, secrétaire général de l’ONU, arrive ce mardi en République Centrafricaine (RCA) pour une première visite officielle.
Ce déplacement vise donc à trouver « les stratégies concrètes pour relancer un dialogue afin de sortir une fois pour toutes de la crise » mais également « évaluer les besoins de notre Mission sur le terrain afin qu’elle puisse mieux protéger la population civile », avait déclaré Antonio Guterres dans un message diffusé la semaine dernière.
Le secrétaire général de l’ONU arrive à Bangui le 24 octobre, date de la commémoration de la ‘‘Journée des Nations Unies’’, proclamée en 1947, marquant l’entrée en vigueur de la charte onusienne. Il va à l’occasion déposer une gerbe de fleurs en mémoire des casques bleus morts pour la cause de la paix en RCA.
Antonio Manuel de Olivieira Guterres et Faustin Archange Touadéra, le Président centrafricain, vont se retrouver en tête-à-tête mercredi au Palais de la Renaissance. L’entretien sera suivi d’une déclaration à la presse. Les deux personnalités se déplaceront ensuite à Bangassou dans le Mbomou (sud-est), théâtre de violences entre les groupes armés. M. Guterres échangera avec les responsables locaux, les déplacés et les membres de la coordination des acteurs de la cohésion sociale.
Au troisième jour de sa visite, le secrétaire général prendra part aux côtés du Chef de l’Etat, à la Présidence, à une réunion sur le processus de Désarmement-Démobilisation-Réintégration (DDR), avant de se rendre ensemble au Monument des Martyrs pour rendre hommage aux victimes centrafricaines. Les représentants de partis politiques, de la société civile, des responsables religieux et des défenseurs des droits de l’homme ainsi que l’Union africaine (UA) et la Mission technique de l’Union européenne (EUTM) échangeront avec Antonio Guterres au QG de la Minusca.
L’onusien achèvera sa mission le vendredi 27 octobre en s’adressant aux Centrafricains depuis le siège de l’Assemblée Nationale avant de se diriger au Pk5 pour s’entretenir avec les représentants d’associations de femmes et jeunes.
Le RDC attend des réponses concrètes de Antonio Guterres
Le Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC), parti du centre, attend du secrétaire général de l’ONU des mesures concrètes pour une sortie de crise.
A 24 heures de l’arrivée du patron de l’ONU, le RDC par la voix de son président, Désiré Zangha Bilal Kolingba, se préparait à « des réponses concrètes à une série de préoccupations dont trois parmi les plus importantes s’analysent comme autant de faiblesses de l’action de la Minusca ».
Le président du RDC pointe du doigt « la partialité » de certains contingents, « leur réaction inadaptée au terrain » posant un problème d’inefficacité et « l’absence appropriée des forces spéciales de la Minusca à l’égard des tueries de masse ». Désiré Zangha Bilal Kolingba estime que « depuis six mois le centre-est et le sud-est du territoire national » sont en proie à une violence qui ne dit pas son nom. Dans les villes de « Ippy, Bria, Alindao, Zangba, Mobaye, Bangassou, Gambo, Zémio, Kémbé, Pombolo », de nombreuses personnes ont perdu la vie, « des villes et villages » selon lui ont disparu et les populations en exil.
A Bangui, les avis divergent sur cette visite
Certains Centrafricains rencontrés dans les rues de la capitale par Radio Ndeke Luka y voient une issue de sortie de crise.
« L’arrivée de M. Guterres est comme celle du pape François, pour le peuple c’est bien que le patron des Nations Unies vienne lui-même voir la réalité. Sa venue peut réorienter leurs activités pour rétablir rapidement la paix sur l’étendue du territoire », ont indiqué ceux-ci.
D’autres par contre, n’y trouvent pas d’importance. « Son arrivée ne va rien modifier, depuis que la force onusienne est installée en Centrafrique, il n’y a pas de changement. S’il vient, je ne sais pas si avec lui quelque chose pourrait changer ».
La visite de Antonio Guterres revêt une importance significative seulement, des Centrafricains sont restés sur leur soif. « Si on donne la possibilité aux uns et aux autres de s’exprimer, je crois qu’il va peut-être donner des lignes de conduite à la Minusca. Il est le bienvenu, nous avons de quoi à lui dire, mais comment le retrouver pour le lui dire ? », s’est interrogé un autre banguissois.