« En dépit de quelques insuffisances d’ordre organisationnel circonscrites relevées lors du double scrutin du 23 janvier 2011 en Centrafrique, l’Observatoire National des Elections (ONE), note que ces disfonctionnements n’altéreront pas fondamentalement les résultats dans certaines circonscriptions électorales ».
C’est la substance de la déclaration de l’ONE sur le déroulement de la campagne et des scrutins. Elle a été rendue publique mardi 1er février 2011, par Fulgence Zéneth, coordonnateur de cette entité.
Dans son exposé liminaire, Fulgence Zéneth se félicite entre autres, « du caractère inclusif des élections qui ont vu la participation des 5 candidats à la présidentielle, du déroulement de la campagne électorale et du vote sur l’ensemble du territoire, de la mobilisation du peuple, du climat de sécurité mis à part, indique-t-il, les incidents provoqués par les élements de l’Armée de Résistance pour le Seigneur dans le Mbomou (extrême-est du pays) ainsi que l’attaque les candidats aux législatives dans la Haute Kotto (est) et l’accompagnement des partenaires du pays dans ce processus ».
Le coordonnateur de l’ONE, relève aussi « la mobilisation des médias dans l’éducation civique des électeurs, la formation de certains représentants des candidats, leur présence ainsi que celle des observateurs nationaux et internationaux dans les bureaux de vote ».
Au sujet des observations faites sur le terrain pendant ces opérations électorales, l’ONE dénonce l’utilisation du matériel et du personnel de l’Etat par certains candidats à Bambari (centre-est) au mépris du code électoral, le non respect des affichages définis à l’article 56 du code électoral par les candidats du Congrès Républicain pour le Progrès Social, le non respect relatif à la combinaison des 5 couleurs de l’emblème national par le candidat indépendant à la présidentielle, la mauvaise répartition des bureaux de vote dans la Haute Kotto, Basse Kotto (est) et à Bambari et leur positionnement dans les domiciles des chefs de quartiers.
Il note aussi l’affichage tardif, les perturbations des listes électorales notamment la liste de Bimbo 4 (sud de Bangui) qui se retrouve à Nzangognan (6ème arrondissement de Bangui), sans omettre, remarque Zéneth, la disparition des noms sur les dites listes à Bangui, Bambari, Berberati (ouest), Mobaye (est), des électeurs inscrits, non détenteurs de cartes autorisées à voter, l’absence de formation même sommaire des membres du bureau de vote du 8ème arrondissement de Bangui, l’absence ou l’insuffisance des matériels dans plusieurs bureaux de vote, le retard dans l’ouverture desdits bureaux, puis la non maitrise des procédures de vote, du dépouillement par certains agents recrutés à cet effet.
Au nombre des insuffisances constatées, l’Observatoire national des élections déplore des urnes non scellées, dans la quasi-totalité des bureaux de vote, l’absence des scrutateurs lors du dépouillement ou le recrutement des mineurs par endroits, la violation du secret du vote par certains membres du bureau de vote dans les 2ème, 4ème, 7ème arrondissement de Bangui, Bambari, ou Mobaye.
La déclaration dénonce également les interprétations divergentes faites par les démembrements la CEI, au sujet des dispositions relatives au vote par dérogation. A titre d’exemple, à Bambari, 450 élèves instituteurs sans certificat de radiation ou de carte d’électeurs ont été autorisés à voter par le coordonnateur de la CEI locale. Il y a aussi le mauvais remplissage, la non signature des procès verbaux de dépouillement à Bangui et dans les préfectures : cas des représentants du Parti pour un Centrafrique Nouveau, suite à l’arrestation de son représenant Yamandé Amoda par le préfet de l’Ouham (ouest) au centre de vote de Bozo à Bossangoa (ouest), devant le bureau de vote numéro 1.
Le coordonnateur de l’ONE n’a pas manqué de faire des suggestions. D’abord à la Cours Constitutionnelle : « dire le droit avec rigueur, courage et sans complaisance dans les circonscriptions où des irrégularités auraient été notées, de former et déployer à l’avenir ses propres observateurs électoraux dans chaque circonscription électorale pour une meilleure appréciation de cas de contentieux ».
Ensuite à l’endroit de la CEI : « codifier tous les matériels et documents électoraux, assurer la formation des membres des bureaux de vote, recomposer la liste et la localisation desdits bureaux pour une neutralité, la publication et l’affichage des résultats de dépouillement devant le bureaux de vote et appliquer les dispositions de l’article 77 du code électoral relatives au vote par dérogation ».
A la communauté internationale, L’Observatoire demande de poursuivre l’appui à la CEI, pour améliorer les disfonctionnements notées en vue d’éventuelles opérations de 2ème tour.
500 observateurs nationaux formés par l’ONE en partenariat avec National Democratic Institute (NDI) ont été déployés dans 14 préfectures du pays sur 16 pour les opérations de ces élections. Seules les préfectures de Mbomou et Vakaga (nord) n’ont pas été couvertes par l’ONE.