Les conséquences des affrontements qui ont éclaté mardi 20 mars 2018 entre ex-Séléka de l’UPC et Antibalaka dans les villages entre Gotchélé et Tagbara, distant de 27 kilomètres, sont déjà ressenties sur le plan éducatif, social et religieux.
Les impacts sur l’école
Les cours sont totalement perturbés au fondamental 1 dans la zone. La tuerie du directeur de l’école de Goubali, Passi Kouzounéyé et son épouse a mis le feu aux poudres. Toutes les portes des salles de classe sont hermétiquement fermées de Gotchélé à Tagbara. Les décès ont été confirmés par un responsable de l’Inspection académique du centre est (IACE). Une source proche de l’église catholique a avoué que les dépouilles mortelles ont été inhumées dans une fosse commune.
Les enseignants, les élèves et les parents n’ont que leurs yeux pour regarder ne sachant à quel saint se vouer. Le programme pédagogique est du coup bloqué à un moment où le gouvernement multiplie les efforts pour tout remettre en marche dans une préfecture frappée de plein fouet par la crise.
Des morts et des déplacés
Les nouvelles scènes de violence dans la circonscription de Bambari 3 auraient fait des morts et de nombreux déplacés parmi la population civile. L’exécution d’un jeune homme au village Gotchélé par des hommes armés présumés de l’UPC en serait l’élément déclencheur. Les représailles des Antibalaka à Tagbara, 72 kilomètres de Bambari sur l’axe Bria, auraient aussi occasionné une dizaine de mort dans le rang de l’UPC.
Mais des renforts en provenance de Ippy et Maloum auraient par ailleurs semé la désolation au sein de la population civile dans des villages de Gotchélé à Séko. Des maisons ont été incendiées provoquant le déplacement massif de la population.
A la suite d’une « exécution sommaire extrajudiciaire faite par les éléments de la Séléka sur un citoyen, des Antibalaka ont tué au moins 13 Séléka basés à Tagbara« , a expliqué Anatole Ndémagouda-Gbagot, député de Bambari 3.
L’UPC balaie les accusations
L’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC) a rejeté en bloc son implication dans les affrontements dans la circonscription de Bambari 3. Daouda Souleymane, son porte-parole, rassure qu’aucun élément de son mouvement n’est engagé dans ces violences.
« Nous réfutons ces accusations« , a-t-il fait savoir expliquant que « la zone de Bambari 3 est contrôlée et sécurisée par l’UPC depuis 5 ans« . Pour le porte-parole, c’est un « groupuscule de bandits » qui s’agite depuis lundi 19 mars. Daouda Souleymane poursuit que cette bande s’est attaquée à plusieurs localités.
L’église catholique pointe un doigt accusateur
Le diocèse de Bambari n’a pas été épargné par les récents évènements dans Bambari 3. Un responsable de cette confession religieuse rassure que les combattants de l’UPC sont bel et bien impliqués dans les massacres contre les civils. Cette source qui a requis l’anonymat, conflit que le prélat et les fidèles cachés dans les locaux de l’église de Séko sont tués par des membres de l’UPC.
« Les témoignages qui nous sont parvenus et les rescapés arrivés vendredi à l’hôpital de Bambari attestent avec conviction que ce sont les éléments de l’UPC qui ont commencé à commettre des exactions depuis le village Goubali jusqu’à la paroisse de Séko. Ils ont abattu froidement l’abbé Joseph Désiré Angbabata, curé de ladite paroisse et une dizaine de chrétiens« .
Appelant les autorités nationales à prendre leur responsabilité, il relève que « tous les chrétiens ne sont pas des Antibalaka et tous les Antibalaka ne sont pas des chrétiens« .
Face à cette montée de tension, aucune réaction des autorités ni de la Minusca n’est enregistrée. Et pourtant, en novembre 2017, les différents groupes armés avaient signé à Ippy un accord de cessation des hostilités. Aujourd’hui, on compte encore des morts.