La population de Bambari dans la Ouaka a été une fois de plus secouée ce 30 mai 2018 par des tirs d’armes lourdes et automatiques des hommes de l’UPC. Les crépitements ont commencé aux environs de 11 heures et se focalisent autour de l’hôpital, la gendarmerie et la gare routière.
Difficile à ce stade de donner un bilan humain ou matériel des dégâts. Plusieurs personnes jointes au téléphone dans la ville parlent de morts et de blessés. Selon une source locale, la situation s’est dégradée depuis le 25 mai dernier à la suite d’un braquage attribué aux éléments d’auto-défense Antibalaka. Les braquages de motocycles se sont multipliés dans les deux camps.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase ce mercredi, le pillage d’un local appartenant à un sujet musulman par des éléments en arme. Informés, les combattants de Ali Darassa sont passés à l’offensive, prenant les civils pour cible. Une source proche de l’hôpital de Bambari a expliqué que l’intensité des tirs a obligé les habitants à se cacher. Ce témoin a indiqué avoir vu de sa cachette quatre véhicules des soldats portugais de la Minusca patrouiller dans le secteur.
Sur le site des déplacés à proximité de la gendarmerie et même au quartier CTRO juste à côté, la peur gagne les esprits. La population se dit abandonnée à elle-même. L’effectif des forces de défense et de sécurité intérieure, notamment policiers et gendarmes, ne permet pas d’assurer la protection des civils. Les soldats des FACA promis par le Gouvernement ne sont pas arrivés dans la ville.
A Bangui, Alexandre Ferdinand Nguéndet, président du Rassemblement pour la République (RPR), ressortissant de la Ouaka, se dit désolé. « La situation est catastrophique en ce moment à Bambari. Les éléments de l’UPC de Ali Darassa sont en train de tuer. Les parents ont fui laissant les enfants à leur triste sort. Les femmes enceintes qui n’ont plus la force de se déplacer sont à la merci des éléments de l’UPC« , s’indigne M Nguéndet.
Il appelle le Chef suprême des Armées à porter une attention particulière sur ce qui se passe dans cette ville de la République Centrafricaine. « Je lance encore un cri de cœur à la très haute attention du Président de la République, Chef de l’Etat de se comporter en véritable chef de guerre pour la survie de son peuple et de son pays« , souhaité Alexandre Ferdinand Nguéndet. Pour lui, seule cette voie pourrait arrêter l’hémorragie.
Mi mai, Bambari a été le théâtre d’attaque d’hommes armés des éléments de l’UPC de Ali Darassa. 32 personnes ont perdu la vie et 23 autres blessées selon la Croix Rouge Centrafricaine (CRCA). Autre grief dans ce mois de mai, le chef du site des Peuhls de l’élevage enlevé n’a pas encore retrouvé la liberté. Aux dernières nouvelles, il est toujours aux mains des combattants de l’UPC et déporté à Bokolobo, village situé à 60 kilomètres de Bambari sur l’axe Alindao.
Bambari avait été déclarée ville sans groupes armés par le Gouvernement et la Minusca. Plus d’un an après, c’est tout le contraire.