Qu’est ce qui se passe à l’Assemblée Nationale ? Difficile de répondre avec exactitude à cette interrogation. Un climat de méfiance s’est installé depuis un certain temps au sein de la représentation nationale. Des accusations de détournement de fonds, des attaques verbales ciblées voir des saccages de bureau pourrissant le climat de collaboration marquent les relations au sein de cette institution.
D’après une enquête de Radio Ndeke Luka et selon des sources proches de l’institution, le désordre s’est installé depuis le dernier renouvellement du bureau de l’Assemblée Nationale en mars 2017, bureau largement représenté par des députés proches du pouvoir en place. La rencontre de Boali a été portée par les membres du groupe parlementaire Cœur Uni. Depuis le renouvellement de ce bureau, le ton monte entre le président de l’Assemblée Nationale (PAN) Abdou Karim Meckassoua et certains membres du bureau.
Selon les mêmes sources, le conclave de Boali serait même à l’origine de la discorde entre Bertin Béya député de Boali et le PAN, Abdoul Karim Meckassoua, deux personnalités qui s’endentaient très bien avant cette crise interne.
Au fur et à mesure, la tension persiste et la confusion s’est installée. Des sous groupes se créent entre les élus de la nation. Des accusations de détournements des fonds et l’organisation des missions fictives se sont multipliées. Des missions à l’extérieure sont planifiées, les frais encaissés et le déploiement non effectué. Des attributions des voyages à l’étranger par affinité, parfois par monnayage, des attaques ciblées, des actes de barbaries, le tableau ressemble aux jeux de ping-pong. L’ambiance est polluante.
Le climat de collaboration s’est une fois de plus détérioré pendant les périodes d’absence du président Meckassoua. On déplore un détournement de plus de 300 millions dont 122 millions de francs Cfa par l’équipe qui a assuré l’intérim du président en son absence. Une Commission de Vérification et de Contrôle parlementaire siège encore sur le dossier.
Au cours d’une réunion des membres du bureau, les députés proches du pouvoir, auraient réclamé le licenciement de la Directrice Administrative et Financière. Une demande non encore approuvée par le président.
Un chargé de mission relevé de ses fonctions par un arrêté au mois de juillet 2018 a été pour un premier temps rétabli dans ses droits par le Tribunal Administratif. Le PAN a introduit à son tour à la Cour constitutionnelle, une requête relative à l’interprétation de certaines dispositions de la loi organique n° 17.011 du 14 mars 2017 portant Règlement Intérieur de l’Assemblée Nationale. La cour en sa séance du 19 septembre lui reconnait son pouvoir discrétionnaire dans la nomination et la révocation des membres de son cabinet.
D’après certaines des sources, une liste serait pour l’instant en circulation pour recueillir les signatures des 2/3 des députés afin d’obtenir la destitution de M. Meckassoua. L’initiative ferait suite à un diner organisé récemment à Bangui par des députés de la mouvance présidentielle, Cœur Uni. Le PAN est accusé par ce groupe, de mauvaise gestion et de recrutement par affinité ; bref, de manquement au devoir de sa charge.
A en croire ces sources, la tension est tendue et palpable au niveau de la représentation nationale. La question défraie aujourd’hui la chronique à Bangui et demeure le sujet sur les réseaux sociaux. A ces multiples problèmes s’ajoute le délabrement très avancé de l’institution. Des toilettes sont non fonctionnelles et la toiture qui coule…
Vue le comportement de certains députés, l’Assemblée Nationale est-elle aujourd’hui digne de représenter le peuple Centrafricain ? Pourquoi, ces acharnements personnalisés? Qui peut mettre fin à tous ces désordres ? Autant d’interrogations qui demeurent sans réponse.