Face à la récente recrudescence des violences à Alindao (Basse Kotto) et Batangafo (Ouham), le Réseau pour le Leadership de la Femme en Centrafrique (RELEFCA) et le Mouvement politique Initiative pour une Transformation par Action (ITA) dénoncent la passivité de l’exécutif.
Le Réseau pour le Leadership de la Femme en Centrafrique (RELEFCA) a appelé ce lundi 19 novembre les autorités centrafricaines et la Minusca à une action d’urgence pour venir en aide aux populations en détresse des villes de Alindao et de Batangafo.
« Nous sommes très préoccupées par ce regain de violence au niveau des provinces. Le 8 novembre, nous avions organisé une conférence de presse pour relayer le cri de détresse des populations de l’arrière pays qui réclamaient le redéploiement des forces de défense et de sécurité nationale pour les protéger« , a expliqué la présidente Lina Ekomo.
Le RELEFCA dénonce « des signaux inquiétants, des mouvements de troupe et quand nous sommes allées, les populations ont lancé des messages d’alerte« . « Ce qui se passe est regrettable – s’exclame Lina Ekomo – La population civile a été tuée et des maisons incendiées. C’est choquant ce que nous vivons en ce moment« .
« On a l’impression que la population est abandonnée à elle-même« , a souligné la présidente Ekomo qui s’interroge sur le processus de réconciliation en cours dans le pays.
« Nous savons qu’il y a des accords de cessation des hostilités, une rencontre à Karthoum, une initiative africaine, mais qu’est-ce qui se passe ? Nous n’avons pas encore de réponse », déplore la présidente du RELEFCA.
Entre autres, le Mouvement Initiative pour la Transformation par Action (ITA) dénonce « le manque de volonté politique » de la part du chef de l’Etat Faustin Archange Touadéra. Selon le 1er Secrétaire général de ITA, Dominique Yandocka, la passivité du Président de la République viole « les articles 34 et 38 de la Constitution centrafricaine ». Ces propos ont été tenus dimanche 18 novembre lors d’une rencontre avec la presse. Mais Dominique Yandocka va encore plus loin, exigeant la destitution du Gouvernement de Simplice Mathieu Sarandji. « Le mouvement ITA appelle à la destitution immédiate et sans condition de ce Gouvernement, pour éviter le pire au peuple centrafricain », a martelé le 1er Secrétaire général.
Par ailleurs Dominique Yandocka lance un appel à l’endroit des forces vives de la Nation afin « de se retrouver autour d’une table, pour discuter et trouver une solution républicaine en urgence ».
Situation humanitaire déplorable à Alindao et Batangafo
Depuis le évènements malheureux survenus à Alindao et à Batangafo, la situation humanitaire reste déplorable. Selon certaines informations, plusieurs milliers de personnes ont fui leurs habitations et manquent de tout. Aucune aide depuis le déclenchement de cette nouvelle vague de violence.
A Alindao, beaucoup de personnes ont trouvé refuge au delà de 10 km du centre-ville vers les villages Datoko et Karama. Elles appellent les autorités du pays à l’aide. Le bilan des affrontements entre éléments de l’UPC et Antibalaka, pourrait être d’une quarantaine de morts parmi les civils. Ces informations sont toutefois encore lacunaires à cause de l’interruption des communications téléphoniques.
A Batangafo, c’est toujours la psychose dans la ville. Des sources locales contactées ce 19 novembre font savoir que la situation sécuritaire reste tendue entre les éléments Séléka de l’UPC et les auto-défenses. Des rumeurs d’attaque des éléments ex-Séléka contre les sites des déplacés de l’hôpital et de la base de la Minusca continuent de semer la panique au sein de la population. A cela s’ajoutent des enlèvements et exécutions sommaires orchestrés par ces ex-Séléka dénoncés par les mêmes sources.