Le Président de la République Faustin Archange Touadéra totalise ce samedi 30 mars, 3 ans à la magistrature suprême de l’Etat. Elu le 14 février 2016 au second tour de la présidentielle face à Anicet Georges Dologuélé de l’URCA, Faustin Archange Touadéra a accédé au fauteuil présidentiel sur la base d’un projet axé entre autres sur le rétablissement de la sécurité, la relance économique et la justice. Trois ans après le bilan reste mitigé et disproportionné.
Faustin Archange Touadéra a promis « de préserver la paix » en Centrafrique, pays qui peine à sortir de six années de graves violences. « Je jure de respecter scrupuleusement la Constitution (…) et de préserver la paix« , a-t-il déclaré au Complexe Sportif Barthélémy Boganda de Bangui, le 30 mars 2016. Le Président s’est engagé à remplir sa charge « sans aucune considération ethnique » et de ne jamais exercer son pouvoir « à des fins personnelles« .
Le régime de Bangui a le mérite d’avoir le soutien de la Communauté financière internationale de financer le plan de relèvement et de consolidation de la paix en Centrafrique, le RCPCA chiffré à plus de 1000 milliards de franc Cfa avec une mobilisation estimée à plus de 52%. Le retour de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire, pilier fondamental du plan, reste un défi à relever. Au moins 80% du territoire restent sous contrôle des groupes armés.
Avec une prévision de croissance estimée à 5%, il est difficile aujourd’hui pour le centrafricain lambda de percevoir les retombées dans son assiette. La sécurité reste persistante dans plusieurs villes du pays, notamment à Bria (Haute Kotto), Bambari et Ippy, (Ouaka), Mobaye et Pombolo, (Basse Kotto), Batangafo (Ouham), Kaga-Bandoro (Nana Gribizi) ainsi que dans le 3e arrondissement de Bangui. Dans cette partie de la capitale, plusieurs personnes ont été tuées et de nombreuses autres blessées suite à une attaque armée le 1er mai 2018.
Les éléments des Forces armées centrafricaines (FACA) formés par l’EUTM et les Russes n’arrivent pas à cette date à reconquérir le territoire toujours occupé par les groupes armés.
Les cours et tribunaux ont fait un pas dans la condamnation des coupables des crimes liés au conflit, mais ces efforts demeurent encore moins suffisants pour rassurer les victimes. Les raisons : beaucoup de bourreaux ne sont pas inquiétés. Des chefs de guerre sont devenus des collaborateurs au bénéfice de l’accord de Khartoum au Soudan et l’entente d’Addis-Abeba en Ethiopie.
Trois ans après, Faustin Archange Touadéra ne fait pas l’unanimité. Beaucoup de ses alliés ont fait défection : Charles Armel Doubane, Nicolas Tiangaye, Ferdinand Alexandre Nguendet, Crépin Mboli-Goumba, Joseph Bendounga, Jean-Serge-Bokassa, Eddy Symphorien Kparékouti.