Les personnes qui avaient fui la ville de Kémbé et ses environs dans la Basse Kotto lors des évènements meurtriers et qui sont rentrées, éprouvent de sérieuses difficultés à tous les niveaux. Elles manquent presque de tout ce qu’il faut pour mieux vivre. La situation est déplorée par les autorités administratives et religieuses de Kémbé.
Les déplacées de Kémbé de retour dans la ville et les environs, traversent des moments difficiles. Plusieurs d’entre eux n’ont pas d’habitations. Ils manquent de nourritures, de soins de qualité et de tout ce qu’il faut pour bien vivre. Les enfants en âge scolaire ont aussi des problèmes pour leur éducation à cause de multiples cas de séparation des parents. Une situation qui inquiète les autorités administratives et religieuses de la sous-préfecture de Kémbé.
« C’est une population abandonnée. Les enfants, les femmes sont violées, blessées dans leur intimité, traumatisées dans leur âme. Imaginez le taux de maladies« , a déploré l’abbé Boniface Rézémio, de la Paroisse Cœur Immaculé de Kémbé, responsable du secteur Dimbi-Satéma. Ce déplacement forcé de la population a été marqué par des conséquences touchant l’intimité de la personne surtout les femmes qui ont eu des enfants sans leur consentement.
« En plus, la femme revient avec un enfant. Nous avons un cas de femme qui est revenu avec un enfant. Le mari l’a accepté mais ne porte jamais le bébé » a expliqué le prélat pour illustrer l’impact négatif de cet exil forcé sur la population.
Aujourd’hui, ces personnes qui ont choisi volontairement de regagner leur ville ou village d’origine « n’ont pas de maisons, les enfants n’ont pas d’actes de naissance. L’autorité de l’Etat n’existe pas » a dénoncé l’abbé Boniface Rézémio. Il a indiqué qu’en l’absence de l’autorité de l’Etat, l’Eglise a porté une lourde charge. « En tant que prêtre, c’est comme si on se met à la place de l’Etat pour faire tout. Ce n’est pas du tout facile » a-t-il déploré soulignant que « l’eau, c’est la vie » alors qu’à « Kémbé, on n’en a pas« .
Sur le plan scolaire, « cela fait 4 ans que les enfants n’ont pas fréquenté. Un enfant qui avait 6 ans, avec 4 ans passés en brousse, revient en ville à l’âge de 10 ans. Va-t-il être dans quelle classe ? » s’est-il interrogé avant d’appeler les ONG au secours.
Une année scolaire pas au beau fixe à Kémbé
Dans une interview exclusive accordée à Radio Ndeke Luka ce 14 novembre 2019, Marguerite Ndangala Laomaye, sous-préfète de Kémbé, a regretté que depuis l’ouverture des classes, les ressources humaines qualifiées font défaut au fondamental 1.
« Au fondamental 1, les cours ont démarré. Le problème se pose au niveau des enseignants qualifiés. Au fondamental 2, nous avons le proviseur et le censeur du second cycle. Celui du 1er cycle est admis à la retraite » soulignant que « deux prêtres prêtent main forte« . Elle souhaite que les élèves redémarrent comme les enfants des autres préfectures du pays.
D’après la sous-préfète Ndangala Laomaye seules les « écoles villageoises des prêtre à Dimbi et à Kémbé ainsi celle de Elim » fonctionnent selon le calendrier établi.
Dans les établissements publics, « les enseignants qualifiés affectés ont trouvé comme astuce l’insécurité pour rester à Bangui et percevoir indument sur le compte de l’Etat » a regretté Marguerite Ndangala Laomaye.
Aujourd’hui sur les axes Dimbi-Mobaye, Dimbi-Satéma, Dimbi-Mingala et Dimbi-Alindao, de nombreuses écoles sont toujours fermées alors que « les enfants qui rentrent sont nombreux » relève la sous-préfète.