La ville de Ndélé a renoué ce jeudi 12 mars 2020 avec les affrontements interethniques entre les groupes du FPRC, du PRNC et du RPRC. Si pour le moment, aucun bilan officiel n’est disponible, des sources concordantes évoquent une trentaine de tués, une dizaine de maisons incendiées dont celle du préfet de la Vakaga et du général FPRC, Abdoulaye Hissein et de milliers de personnes refugiées sur le site des déplacés situé à proximité de la base de la Minusca.
Ndélé, « ville fantôme », c’est l’impression qui se dégage après une semaine de violents affrontements fratricides entre les éléments du FPRC, PRNC, RPRC tous signataires du dernier accord politique pour la paix. « La ville est presque déserte, cela traduit que les populations ont peur. La plupart d’entre elles sont obligées de regagner le site des déplacés situé à coté de la base locale de la Minusca « a témoigné Bruce Bibber, chef de délégation du CICR revenu après deux jours d’une mission humanitaire dans la ville.
Au delà, des dispositions prises par la Mission des Nations Unies, Minusca pour assurer la sécurité de la ville, cela n’a pas empêché les belligérants à renouer avec les affrontements. « Après quelques jours d’accalmie, la ville de Ndélé a repris malheureusement avec les situations de violence. Il y aurait eu des victimes mortelles selon notre représentant dans la région. La Minusca qui a établi quelques check-points dans la ville a été surprise du comportement du groupe FPRC qui s’y est infiltré afin de causer des violences graves sur la population » a fait savoir Vladimir Monteiro, Porte-parole de la Minusca.
Après une mission conjointe Minusca-gouvernement dans la ville, M. Monteiro rassure des dispositions prises pour permettre de contrôler la situation. « Pour le moment, la Minusca a engagé des concertations avec l’Etat major des Forces armées centrafricaines, FACA, la police pour permettre de reprendre le contrôle de la région, mais bien plus d’autres zones qui sont nos centres d’attention » a-t-il indiqué.
En plus de cette situation sécuritaire toujours délétère, les conditions de vies des populations sont encore bien critiques selon le CICR. Les populations déplacées n’ont pas accès à l’eau potable et aux latrines. L’hôpital de la région de Ndélé présente des difficultés techniques et matérielles à faire face aux nombreuses victimes des situations de conflit. Au-delà du fait que le CICR promet son aide, les craintes de nouvelles violences ne favorisent pas l’accès à l’aide humanitaire. « Au cours de notre dernière mission à Ndélé, nous avons échangé avec les acteurs pour avoir la possibilité de mener en toute sécurité nos opérations » a relaté M. Bibber du CICR.
Le gouvernement par la voix de son Porte-parole Ange Maxime Kazagui informe aussi que « face à la complexité de la situation sécuritaire et humanitaire, aucun bilan officiel n’est encore disponible ».
En attendant, les milliers de populations ayant fui leurs domiciles à cause des violences vivent encore dans la grande peur d’un possible regain de tension.