Convoquée par la représentation nationale ce 18 mars 2020 sur des questions qui touchent à la vie de la Nation, la ministre des Affaires étrangères et des centrafricains de l’étranger Sylvie Baïpo Temon, est tenue d’apporter des éclaircissements sur les maux qui minent le fonctionnement de son département notamment, les grèves récurrentes du personnel.
Trois questions ont marqué cette séance d’interpellation, sous fond de tension. Tout d’abord, les grèves à répétition qui ternissent l’image de ce ministère considéré comme vitrine du pays à l’extérieur. Ensuite, le sujet de délivrance de passeports diplomatiques aux étrangers, largement critiqué par les médias en ligne et enfin, la place de la RCA au sein des instances internationales notamment la privation de son droit de vote à l’Onu.
Concernant le sujet des grèves récurrentes, la ministre a évoqué la question de la notoriété du personnel de son département qui, vu les dispositions du décret de la fonction publique, est privé de cette prérogative.
« La grève est un droit, mais l’article 54 du décret d’application de la fonction publique stipule un certain nombre d’institutions qui ne peuvent pas du fait, justement, de la notoriété qu’elles représentent. De ce fait, ils ont été appelés, dès lors que l’information et la volonté de grève a été manifestée, par le procureur », a justifié Mme Baïpo Témon.
Sur la question de délivrance des passeports diplomatiques aux étrangers, la ministre a affirmé qu’il s’agit de faux passeports. Toutefois, des investigations sont en cours afin de déterminer les responsabilités. « Ce que je peux dire aujourd’hui, c’est qu’il y a une enquête en cours. Il s’agit bien de faux passeports. La délivrance d’un passeport diplomatique était soumise à juridiction du président de la République, chef de l’Etat et du ministre des Affaires étrangères. Si une enquête est en cours, c’est que les passeports qui ont été saisis ne proviennent pas de la signature du ministre des Affaires étrangères. Ne nous prononçons pas davantage, car la procédure fait son chemin » a martelé Sylvie Baïpo Temon.
Sur les questions de contributions financières de la République centrafricaine auprès de l’Onu, le membre du gouvernement assure qu’une partie de l’argent a été versée et que le gouvernement est à pied d’œuvre pour y remédier.
Certains députés, la plupart de l’opposition, n’ont pas manqué de fustiger la politique diplomatique du gouvernement. Le dernier exemple est le cas des fonctionnaires de la Minusca déclarés persona non grata et qui, finalement, continuent d’exercer leurs fonctions dans le pays. Pour Bertin Béa, député KNK de Boali, l’arrestation des leaders syndicaux au sein de ce ministère constitue une violation de liberté syndicale. « Nous savons comment par de hautes luttes, les libertés syndicales ont été conquises dans ce pays. C’est un recul véritable. Mais cela traduit notamment, les dérives du régime actuel ; c’est extrêmement grave, » a déploré Bertin Béa.
Cette interpellation intervient pendant que le gouvernement fait face à plusieurs remous sociaux dans divers départements et organes de l’Etat. Du statut particulier de certains fonctionnaires en passant par l’intégration en masse dans la fonction publique, la question sociale est au centre de toutes les préoccupations.