Un nouveau cas importé de COVID-19 a été déclaré ce dimanche 22 mars à Bangui par le ministère de la santé. Il s’agit d’un sujet centrafricain âgé de 53 ans arrivé à Bangui à bord du vol Air France du 20 mars 2020. Une situation qui intervient malgré les dispositions prises par le gouvernement. En dépit, les pratiques au sein de la population centrafricaine dénote une pandémie loin d’être maîtrisée à cause de l’inobservation des mesures de prévention par bon nombre de centrafricains.
Une éventuelle propagation du Covid-19 était déjà perceptible à Bangui après les trois premiers cas détectés respectivement les 14 et 19 mars par le ministère de la santé et l’Institut Pasteur. Cela s’explique par la non fermeture des frontières aériennes, fluviales et terrestres de la RCA aux pays ayant été touchés par la pandémie. La probabilité de la non-maîtrise de propagation de la maladie s’explique aussi par les difficultés liées à l’établissement des personnes ayant été en contact avec la célébrité centrafricaine testée positive à la maladie ce 19 mars 2020.
La nouvelle n’a pas surpris. Le ministère de la santé est revenu à la charge avec un nouveau communiqué rendu public ce dimanche 22 mars, faisant état d’un nouveau malade du Covid-19. Le contaminé est un centrafricain âgé de 53 ans, il est rentré à Bangui à bord du vol de Air France du 20 mars 2020 après un séjour en France.
Cependant, face aux menaces de propagation de la maladie, l’observation des mesures préventives est loin de rentrer dans le quotidien des centrafricains. Des différents coins de la ville de Bangui, la communication sur la pandémie ne semble pas encore gagner les esprits. A la gare du PK12, des passagers qui s’apprêtent à débarquer d’un camion ne savent comment se protéger de la maladie.
« Nous allons partir de Bambari, jusqu’à Alindao, nous continuerons sur l’axe Mala, je vais transporter plus de trente cinq personnes, ils se serrent les uns contre les autres, de quels moyens je dispose pour contrer la contamination ? Il faut que le gouvernement sensibilise davantage autour de cette pandémie » se plaint Jean Martin Mendongo, chauffeur de ce véhicule qui vient de parquer à la gare.
A Pétévo, dans le 6e arrondissement de la ville de Bangui, les idées reçues sont nombreuses, plusieurs jeunes se livrent à la consommation du vin de palme, pensant lutter contre le coronavirus. « Ce qu’on boit ici, c’est le vin de palme avec du dèkè (l’écorce d’un arbre très amer). On nous a dit que le coronavirus ne peut supporter les choses amères. Nous consommons le vin de palme pour neutraliser ce virus si jamais nous en sommes contaminés » a affirmé un des consommateurs rencontré sur un lieux de vente.
Cette insuffisance notoire de mise en application des mesures préventives impacte aussi les milieux estudiantins. A l’amphithéâtre François Bozizé de l’université de Bangui, des centaines d’étudiants suivent les cours dans une même salle avec aucune mesure d’hygiène publique à l’entrée des classes. « Vous voyez, devant notre salle, il n’y a aucun dispositif d’hygiène publique pour aider à lutter contre la pandémie. Nous en sommes inquiets et nous appelons nos responsables à l’aide, » a témoigné une étudiante.
En plus de ces idées reçues, les centrafricains affluent ces derniers temps dans les pharmacies pour s’approprier de la chloroquine considérée comme un traitement du COVID-19, une situation qui interpelle les professionnels de la santé en Centrafrique. « Il y a une forte consommation de la chloroquine, il n’y a pas de traitement contre le coronavirus, la chloroquine consommée en Centrafrique n’est pas de bonne qualité. Les populations ne doivent pas céder à la panique, ils ne doivent pas consommer autre chose que de respecter les mesures préventives officielles, » a mis en garde Junior Romuald Oueffio, Directeur des pharmacies au ministère de la santé.
Entre menaces réelles de propagation de la pandémie et manque de dispositif nécessaire pour l’isolement des personnes atteintes, la République Centrafricaine fait aussi face à une communication qui doit être renforcée au sein de la population afin de minimiser les risques de contamination.