Les forces de sécurité ont procédé le samedi 28 mars 2020 à Bangui à l’arrestation de 16 personnes issues de l’ancienne milice Anti-balaka. Interpellées alors qu’elles tenaient une réunion au domicile du ministre des Art, de la Culture et du Tourisme, Dieudonné Ndomaté, ces hommes sont accusés par les autorités d’avoir tenu une réunion non-autorisée et clandestine. Le parquet de Bangui, dans un communiqué, brise le silence et annonce l’ouverture d’une enquête.
Quatre jours après l’arrestation de ces ex-éléments Anti-balaka par les forces de sécurité et les services secrets, les autorités réagissent. Dans un communiqué diffusé le mars 31 mars 2020 sur les ondes de la radio nationale, le 1er substitut de base du procureur de la République, Tuburce Bilongo, confirme l’arrestation de 16 personnes dont onze militaires, un gendarme, un ex militaire et quatre civils.
Les autorités reproches à ces derniers d’avoir tenu une réunion non-autorisée et clandestine pouvant troubler l’ordre public. Au cours de leur interpellation, des objets compromettants ont également été saisis. On note, un pistolet automatique, des téléphones et des clés UBS ainsi qu’une liste de 613 personnes. Selon le communiqué du parquet, les auditions de ces personnes arrêtées se poursuivent à la Section des Recherches et d’Investigations (SRI) à Bangui. Cependant, pour des raisons de sécurité, ces éléments sont provisoirement détenus à la maison d’arrêt et au camp de Roux.
« Cette réunion non-autorisée et clandestine est susceptible de tombée sous le coup des dispositions des articles 411, 412 et 286 du code pénal qui sanctionnent les faits d’association de malfaiteurs et de complots. » a prévenu le 1er substitut de base du procureur avant d’annoncer que « Le parquet de la République, saisi de ces faits a ordonné l’ouverture d’une enquête et l’a confiée à la Section des recherches et d’investigations et la garde à vue des personnes appréhendées a été décidée ».
Face aux multiples interprétation de l’opération ayant ciblé le domicile du ministre Dieudonné Ndomaté et conduit à l’arrestation de toutes ces personnes, le parquet de Bangui appelle au calme et demande à la population de faire confiance à la justice.
« Pour des raisons évidentes de sécurité, ces gardés à vue sont placés provisoirement à la maison d’arrêt de Ngaragba et au camp de Roux. Les différentes auditions sont en cours. Le ministère public demande à la population de garder son calme et de faire confiance à la justice de son pays » a lancé le 1er substitut de base du procureur de la République .
Pendant que le ministère public appelle au calme, les voix s’élèvent pour condamner ces arrestations. C’est le cas du porte-parole du mouvement Anti-balaka, qui dans un entretien avec Radio Ndeke Luka, dénonce ces arrestations et ajoute que les personnes interpellées sont soupçonnées par les autorités de Bangui de conspiration contre le pouvoir de l’Etat. Ce qui pour lui, n’est pas justifiée.
Le collectif des épouses de personnes arrêtées dénonce, pour sa part, « un coup monté » et demande la libération de leurs maris. « Nous sommes des parents pauvres, nos maris n’ont pas encore touché leurs salaires. Ils ne préparaient pas un coup d’Etat vu qu’ils n’étaient pas armés » a fait savoir une des épouses.
Au début du mois de mars 2020, l’Etat major des Armées avait, dans un communiqué, mis en garde contre la participation des militaires à des réunions à caractère politique et/ou visant à troubler l’ordre public.