Trois semaines après l’annonce par le chef de l’Etat des mesures supplémentaires pour barrer la route à la propagation du Covid-19, les voix s’élèvent pour dénoncer la hausse excessive des prix des denrées alimentaires sur le marché. Cette augmentation intervient alors que ces mesures ne concernent en rien les marchandises importées ou exportées. Pour freiner cette allure, une inspection est mise en place pour investiguer auprès des grossistes et détaillants.
Le gouvernement centrafricain, après la confirmation des premiers cas de contamination au Covid-19, a mis en place des mesures additionnelles pour contrer la propagation du virus dans le pays. Ces dispositions, allant de la fermeture des écoles, des lieux de culte, des débits de boissons voire des frontières du pays ne concernent pas la circulation des marchandises. Sauf que, quelques jours après la mise en application de cette disposition, les prix de pratiquement toutes les marchandises ont flambé sur les marchés de la capitale et du reste du pays.
Cette situation préoccupe l’Institut Centrafricain des Statistiques et des Etudes Economiques et Sociales (ICASES), qui a mis en place un système pour inspecter les commerçants grossistes, détaillants et transporteurs au niveau des principaux marchés du pays. A l’issue des investigations, il est révélé que plusieurs produits importés et locaux ont connu une hausse de 60%.
Des séries d’enquêtes menées par les techniciens de l’ICASES et du Programme alimentaire mondial (PAM), révèlent la spéculation des prix des produits importés. Il s’agit du riz, de la farine, de l’huile, du poisson congelé, du sucre, du lait ou encore du savon, qui ont connu une hausse de 60% en trois semaines. Cette augmentation concerne également les produits locaux tels que le manioc, le haricot et l’arachide. Le coût du transport a également augmenté pendant que le prix du carburant à la pompe est resté le-même. Cette flambée de prix est considérable chez les détaillants, ce qui constitue un handicap pour les ménages modeste en cette période de crise.
« Depuis le 23 mars dernier jusqu’à ce jour, nous observons chaque semaine l’évolution des prix. Les prix des produits importés ainsi qu’un certain nombre de services, transport, eau… Les commerçants se sont empressés d’augmenter les prix. Non seulement il y a hausse, nous avons constaté que certains produits commencent à se faire rares » affirme Blaise Bienvenu Ali, Directeur général de l’ICASES.
L’impact de Covid-19 sur les prix touche non seulement la capitale Bangui mais également les villes de provinces. Des discussions sont prévues avec les syndicats des commerçants et l’association des droits des consommateurs pour un retour à la normale.
« Nous voulons attirer l’attention de nos autorités et appeler à la prise de conscience des opérateurs économiques par rapport à cette situation qui fragilise davantage les ménages les plus pauvres. La cuvette de manioc qui était à 2500 est passée à 4500 francs. Le prix des transports urbains qui a augmenté de 50% n’arrange pas le panier de la ménagère » déplore le directeur général de l’ICASES.
Le gouvernement et ses partenaires sont appelés à veiller sur la spéculation des prix sur le marché. Selon une estimation de la Direction générale de l’Economie, de la planification et du développement, cette période de crise sanitaire pourrait coûter près de 40 milliards Fcfa de perte à la fiscalité centrafricaine.