Deux jours après la mise en place, par les autorités centrafricaines, de la décision interdisant la célébration des obsèques à domicile et dans les quartiers, l’ambiance n’est pas au beau fixe entre le personnel sanitaire et certains corps habillés de l’armée. Une rixe est survenue ce jeudi 28 mai 2020 à l’entrée de l’hôpital de l’Amitié à Bangui, entre un groupe de soldats des FACA et les agents chargés de la sécurité de ce centre hospitalier.
Le gouvernement centrafricain a procédé, le 27 mai 2020, à la mise en place de nouvelles mesures permettant de lutter efficacement contre la pandémie de Covid-19. Parmi lesquelles, l’interdiction de célébrer des obsèques à domicile et dans les quartiers. En effet, cette mesure est loin de faire l’unanimité parmi la population et suscite des mécontentements de certaines personnes. C’est dans cette optique qu’une altercation s’est soldée par des bagarres ce 28 mai 2020 entre des éléments de Forces armées centrafricaines et les agents de sécurité postés à l’entrée de l’hôpital de l’Amitié. Une situation qui a provoqué la colère du personnel soignant.
Ce vendredi aux environs de 6h00 du matin, des éléments des Forces armées centrafricaines débarquent à bord de deux Pickup pour sortir le corps d’un des leurs déposé à la morgue de l’hôpital de l’Amitié. Face au refus des agents de sécurité, conformément aux nouvelles mesures interdisant la levée des corps le matin, certains militaires se sont rués sur ces agents, chargés de la sécurité, et les ont brutalisés. Cette altercation a occasionné des blessures parmi ces agents de sécurité.
« A leur arrivée, on leur a demandé d’entrer qu’au nombre de cinq. Sauf qu’ils n’ont pas obtempéré, malgré la présence des policiers. Ils sont entrés après avoir forcé l’accès. Dans cette bousculade, un des militaires m’a flanqué un coup de poing en me blessant au visage » a témoigné Jean Arsène Zoubé, agent de sécurité.
Face à ce comportement navrant, le responsable des agents chargés de la sécurité de l’hôpital de l’Amitié exige des autorités compétentes, des mesures appropriées en vue de prévenir ce genre d’incident.
« Nous avions eu des interpellations par rapport aux derniers arrêtés pris par le gouvernement, interdisant la sortie des corps à 6h00 ou 7h00 du matin. Désormais, les corps sortent à partir de 12h00. Des qu’on les a informés, ils se sont lancés dans une bagarre. Nous demandons au gouvernement de prendre ses responsabilités » a insisté Pepin Aguemé, responsable des agents de sécurité.
Vexé par cet incident, certains membres du personnel ont décidé de suspendre le travail. Un malade venu consulter un médecin déplore cette situation. « Je suis venu me soigner car je souffre du paludisme mais face à cette situation, j’ai été renvoyé. Un porteur de tenue qui va jusqu’à frapper le personnel soignant dans l’exercice de ses fonctions, c’est trop. Le gouvernement doit réagir pour mettre un terme à cette façon de faire » a déploré ce patient.
Confrontés au refus catégorique des responsables de cet hôpital, ces militaires n’ont pas pu extirper le corps de leur frère d’arme comme ils l’entendaient. L’intervention d’un officier supérieur de l’armée a permis de mettre fin à l’altercation et d’ordonner l’arrestation de ces éléments récalcitrants.