Les députés centrafricains sont convoqués en session extraordinaire à partir de ce vendredi 18 septembre 2020. Durant 6 jours, ils examineront et modifieront certains articles du code électoral. Ils le font à la demande du gouvernement qui a accepté une nouvelle proposition de l’Autorité nationale des élections (ANE) concernant le délai du recensement des électeurs et de la convocation du corps électoral. Les travaux ont été ouverts en présence du premier ministre Firmin NGREBADA.
Cette session extraordinaire des députés s’ouvre à quelques jours de la rentrée parlementaire ordinaire prévue le 1er octobre 2020. L’enjeu est de taille, car l’opposition démocratique est vent debout contre la tenue des élections présidentielle et législatives le 27 décembre 2020.
Durant cette session, les élus de la Nation, dont la plupart se trouvent encore dans leurs circonscriptions électorales, vont se prononcer à nouveau sur le code électoral, déjà adopté par le parlement et promulgué par le Chef de l’Etat le 20 août 2019. En effet, ils auront à examiner et modifier 13 articles de cette loi électorale, conformément à la demande du gouvernement, favorable à un recadrage technique du calendrier électoral proposé par l’ANE.
« Nous sommes sans ignorer qu’un processus électoral se déroule dans le respect scrupuleux des dispositions du code électoral. Nous savons tous que les opérations d’inscription sur la liste électorale demeurent inachevées dans trois préfectures pour des raisons de sécurité mais également à l’étranger. Nous sommes à la veille des élections présidentielle et législatives capitales. L’avenir politique de notre pays se joue aujourd’hui et maintenant », a déclaré El Hadj Moussa Laurent Gon Baba, Président de l’Assemblée nationale à l’ouverture des travaux.
Les échanges entre députés s’annoncent déjà houleux, car l’opposition démocratique réunie au sein de la plateforme COD-2020 est contre la tenue de ces élections le 27 décembre 2020. Pour l’opposition, tout est mis en œuvre pour que ces échéances soient mal organisées, donc truquées. Cependant dans le réaménagement technique du calendrier du recensement électoral et de la convocation du corps électoral proposé au gouvernement par l’ANE, tout serait prêt techniquement au 08 octobre 2020 et le jour du vote reste inchangé.
Même si une partie de la classe politique et de la société reste sceptiques en ce qui concerne l’effectivité de ces élections dans le délai constitutionnel, le président de l’Assemblée nationale a rappelé aux élus de la Nation, la portée de leur décision.
« Nous avons l’obligation, en tant que représentant du peuple, d’apporter notre contribution pleine et entière dans la recherche de solutions fiables et surtout acceptables pour l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles. Les pistes de solutions nous sont proposées dans ce projet de loi. Il s’agit pour nous, députés de la Nation, d’examiner et d’adopter en notre âme et conscience les amendements contenus dans 13 articles qui non seulement, opéreraient sur une base légale, un réajustement du chronogramme initial, mais imposeraient aussi et surtout, le respect des délais constitutionnels. Nous devons produire un travail exemplaire dans l’intérêt du peuple que nous représentons » a martelé M. Gon Baba.
Selon le chronogramme électoral initial, les opérations de recensement des électeurs, de découpage électoral et la mise à disposition des listes électorales devront se faire avant le 27 septembre 2020, date à laquelle le Chef de l’Etat doit convoquer le corps électoral. Face à l’impossibilité de tenir ce calendrier, l’ANE après une série de rencontres avec la Cour constitutionnelle, le cadre de concertation et le gouvernement, a sollicité un report technique du chronogramme pour lui permettre jusqu’au 08 octobre de tout boucler.
Convaincu par les démonstrations de l’ANE, le gouvernement après un conseil des ministres extraordinaire sur la question, renvoie la loi électorale à l’Assemblée nationale en vue de la modification de certains articles pour permettre à l’ANE de mettre à exécution son chronogramme revu.
Comme à l’accoutumée, des soupçons de corruption de certains députés par le gouvernement entachent les travaux qui se déroulent au sein du parlement centrafricain.