Dans la capitale centrafricaine, la fin du mois est synonyme de galère voire de tracasseries pour certains fonctionnaires et agents de l’Etat. Les attroupements et les attentes incessantes devant les banques n’arrangent pas de nombreuses personnes, qui dénoncent une forme de maltraitance et de mépris.
Le constat est alarmant voire révoltant si l’on sillonne les établissements bancaires de Bangui à la fin du mois. De longues files d’attente, des bousculades, de durs échanges verbaux, parfois comiques, sont le quotidien des usagers des banques chaque fin du mois dans la capitale centrafricaine. La plupart des clients déplore cette situation et y voit une forme de maltraitance et de mépris.
« Pour avoir le salaire, il faut quitter la maison à 04h00 du matin pour venir s’inscrire. C’est difficile. Nous demandons qu’on nous allège les choses en ouvrant certains guichets » souhaite un client de BSIC Centrafrique.
Même décor dans l’enceinte de Ecobank. Ce mercredi 30 septembre 2020, l’entrée de cet établissement bancaire est fermée et contrôlée par des hommes chargés de la sécurité. Sous un petit hangar dressé en raison de Covid-19, un groupe de personnes mécontentes bouge de gauche à droite. Leurs cartes magnétiques sont arrivées à expiration et elles n’arrivent pas à faire des opérations sur leurs comptes.
« Ma carte est expirée et jusqu’à lors, il n’y a pas de renouvellement. Lorsque tu arrives, Ecobank te dit qu’il faut souscrire au service orange money. Arrivé là bas, c’est tout une tracasserie. On est fatigué » témoigne un autre client.
Cependant à la Banque populaire Maroco-centrafricaine, les clients qui attendent sur les sièges d’attente sont mécontents de la lenteur du service et dénoncent, par ailleurs, la corruption dans le travail des agents de cette institution.
« Au niveau des caisses, certains leur ont donné des pièces d’identité moyennant quelque chose. C’est pourquoi même si on vient vers 04h00 du matin pour l’enregistrement, ils servent d’abord leurs connaissances. Et pour nous qui sommes dans la légalité, il faut attendre jusqu’à x heure » dénonce un fonctionnaire.
Du coté des caisses mutuelles de Centrafrique (CMCA) de Bangui-centre, on impose des sommes à retirer aux sociétaires.
« Je n’ai pas pu tout retirer car ils m’ont fait savoir qu’ils sont confrontés à des difficultés. On ne peut pas prendre plus de 50.000 francs. Je ne sais pas du tout ce qui se passe » relate une cliente.
Pour, les responsables des Caisses mutuelles de Centrafrique, cette difficulté est due au problème de trésorerie au niveau des banques commerciales.
« Lorsqu’on paie le salaire au niveau des banques, elles-mêmes ont des problèmes de trésorerie. Cela joue également sur nous, parce que nous ne pouvons pas avoir la trésorerie suffisante pour pouvoir servir nos clients. Et donc, nous demandons aux clients de faire des retraits de 50.000 francs, pour au moins servir tout le monde » affirme Giles Manga-Mabada, directeur général adjoint de CMCA.
Ce phénomène qu’on n’observe pas dans certains pays de la sous-région est récurrent à la fin du mois en République centrafricaine. Les usagers des banques, de leur part, ne comprennent pas pourquoi ces établissements ne créent pas assez d’annexes dans la capitale et dans d’autres villes du pays.