Près de deux ans après la signature de l’accord de paix et de réconciliation entre le gouvernement centrafricains et 14 groupes armés actifs en Centrafrique, l’application des clauses dudit accord pose encore problème. Face aux multiples violations dont se sont rendus responsables les groupes armés, certains élus de la Nation tirent la sonnette d’alarme. C’est le cas du député Martin Ziguélé qui alerte sur le danger que représente l’administration publique parallèle mise en place par l’UPC dans une partie du pays.
Il ne fait nul doute qu’en République centrafricaine, les groupes armés gardent une influence accrue sur l’économie et la situation sécuritaire du pays. Malgré l’accord pour la paix et la réconciliation signé le 06 février 2019 en présence de la communauté internationale, certains groupes armés ont encore la main mise sur l’exploitation minière et les échanges commerciaux dans une bonne partie du pays. Face à cette évidence, les parlementaires alertent l’opinion nationale et internationale sur la mise en place d’une administration publique parallèle par Ali Darassa, chef du groupe armé UPC.
Selon l’ancien premier ministre Martin Ziguélé, Président de la commission Finances à l’Assemblée nationale, le leader de L’UPC, en violation dudit accord, a mis en place des directions générales de douanes, des impôts et de l’Office de réglementation, de conditionnement et de la commercialisation des produits agricoles (ORCCPA) dans les zones contrôlées par son mouvement.
Une attitude qui, selon M. Ziguélé, risque de compromettre le bon recouvrement des fonds nécessaires à l’exécution du budget national de l’année 2021. « A Bokolobo, l’UPC a mis en place un Etat. Sur le plan financier, j’appelle ça un Etat. D’abord, ils ont créé une direction générale des impôts et douane, basée à Bokolobo qui émet des quittances et prélève des patentes et impôts de toutes sortes. C’est comme si c’était l’Etat centrafricain » affirme Martin Ziguélé.
Vu la gravité de ce fait, le député Martin Ziguélé réclame un audit indépendant afin d’éclairer l’opinion sur cette affaire. Il appelle par ailleurs les garants et facilitateurs de l’Accord de paix du 06 février 2019 à prendre leurs responsabilités.
« Lorsque nous serons en possession de l’audit indépendant que nous réclamons ardemment au gouvernement, nous avons l’intention en tant qu’élus du peuple, de donner une suite à cette affaire. Cette suite sera politique car nous allons demander aux garants et facilitateurs, pourquoi 90 jours après la signature de l’accord de Khartoum, des administrations parallèles fonctionnent et engrangent des milliards » s’alarme M. Ziguélé.
Le gouvernement, dans son projet de budget 2021, a ramené le prix polémique sur la carte nationale d’identité à 6.000 francs CFA. L’Elu, de son coté, s’en remet à la décision de ces pairs lors de la plénière.
« Je ne peux pas préjuger de la décision des députés. Le document est actuellement en cours d’examen au sein de différentes commissions de l’Assemblée nationale. Un rapport sera fait d’ici deux semaines et déposé en plénière et vous suivrez le vote. Ce sont les députés qui votent les lois » a conclu Martin Ziguélé.
Le budget prévisionnel de l’Etat centrafricain pour l’année 2021 s’élève à plus de 333 milliards de francs CFA. Un budget déficitaire de 51 milliards. 135 milliards de francs CFA de ressources propres contre 151 milliards de FCFA de ressources extérieures. Pour l’heure, les députés examinent encore ce projet afin de doter le gouvernement des moyens de sa politique pour l’année prochaine.