Alors que le gouvernement centrafricain annonçait tambour battant ces derniers mois que bientôt l’aéroport international de Bangui fera peau neuve grâce à un financement saoudien, les centrafricains viennent d’écouter un autre son de cloche. Selon plusieurs sources, la seule aérogare de la capitale centrafricaine est cédée depuis le 23 octobre 2020 à un concessionnaire turc. Ceci au grand dam du syndicat de l’ASECNA Centrafrique.
L’information a été rendue publique par le journal panafricain en ligne « Africa Intelligence » et le projet de cession est confirmé par le syndicat centrafricain de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA). Le conglomérat turc Damnus de Nusret Comert a donc obtenu des autorités de la République centrafricaine, les droits d’exploitation de l’aéroport international de Bangui. Il sera chargé d’assurer les travaux d’aménagements estimés à environ 30 millions d’euros, soit près de 20 milliards de francs CFA. Une fois les travaux terminés, le concessionnaire turc aura la gestion et l’exploitation de la plateforme aéroportuaire durant les 30prochaines. La nouvelle a suscité de vives réactions au sein d’une partie de la classe politique nationale, dénonçant un bradage de trop.
« Je l’ai appris avec effroi. Le journal en ligne, Africa Intelligence l’a confirmée et j’ai eu également le mémorandum du personnel de l’Asecna. Il s’agit d’un bradage supplémentaire des ponts entiers de notre économie, de notre souveraineté. Nous n’avons pas encore évacué le problème de la carte nationale d’identité qui a été concédée à un sujet libanais qui se croit au dessus des lois de ce pays et de l’autorité même de l’Etat » a déploré Crépin Mboli-Goumba, président du Patrie lors d’une conférence de presse tenue à Bangui le 14 novembre 2020.
Par ailleurs, l’opposant appelle à une enquête judiciaire et parlementaire pour faire la lumière sur l’opacité qui entoure l’attribution de ce marché.
« J’ai l’impression que les autorités actuelles, mues par, je ne sais quelle pulsion, veulent absolument liquider ce que s’est que l’Etat. Nous avons un challenge qui nécessite de la part de tous les acteurs politiques, une mobilisation de façon à ce qu’une commission parlementaire ou une commission d’enquête soit mise en place et que la justice puisse jeter un œil objectif dans ce qui se passe » a conclu Crépin Mboli Goumba.
Contacté par Radio Ndeke Luka, Arnaud Djoubaye Abazene, ministre centrafricain des transports et de l’aviation civile a confirmé l’existence du « projet », expliquant que la procédure suit son cours. Selon le membre du gouvernement, il est trop tôt de s’exprimer sur cette affaire.
Ce nouvel épisode vient s’ajouter à plusieurs autres considérés comme des scandales, notamment l’affaire Al Madina Group Sarl, cette société Syro-libanaise chargée de confectionner les documents sécurisés en République centrafricaine. Affaire qui continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive au sein de la société centrafricaine.