Plus d’une semaine après l’offensive de la coalition des groupes armés sur la capitale, les autorités centrafricaines, face à la situation sécuritaire préoccupante, ont décrété l’Etat d’urgence sur toute l’étendue du territoire. Proclamé dans la soirée du 21 janvier 2021, cette disposition donne des pouvoirs exceptionnels à l’autorité civile pour une durée de 15 jours.
Face à la situation sécuritaire qui prédomine en République centrafricaine depuis mi-décembre 2020 avec la mise en place d’une nouvelle coalition des groupes armés, laquelle a lancé plusieurs offensives, avec comme objectif principal de « marcher sur Bangui », les autorités centrafricaines ont durci les mesures sécuritaires. C’est dans cette optique que le président Faustin Archange Touadéra a décrété l’Etat d’urgence de 15 jours sur l’ensemble du pays.
Cette mesure exceptionnelle entrée en vigueur le 21 janvier 2021 à minuit, vise à passer à la vitesse supérieure en vue de faire face aux menaces rebelles et sécuriser le pays. Pour les autorités centrafricaines, cette décision a été prise conformément à la Loi et en commun accord avec les institutions de la République.
« Le président de la République, sur rapport du ministre de la Défense nationale, après avis du Conseil des ministres, du bureau de l’Assemblée nationale et du président de la Cour constitutionnelle, décrète article 1er: l’Etat d’urgence est proclamé sur tout le territoire national pour une durée de 15 jours à compter du 21 janvier 2021 à 00 heure » a déclaré à la radio nationale, Albert Yaloké Mokpem, porte-parole de la présidence de la République.
Cependant, de nombreux centrafricains se posent encore la question quant à la nature d’un Etat d’urgence. Car cette mesure est très peu connue du public centrafricain.
« L’Etat d’urgence est une mesure exceptionnelle pouvant être décrétée par le président de la République, soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas de calamités publiques. Pendant cette période, il y a restrictions des libertés individuelles. Des pouvoirs seront transférés à l’autorité civile. Mais, pendant l’Etat d’urgence, tout fonctionne normalement comme d’habitude » a fait savoir Jocelyn Ngoumbango-Koeto, magistrat et président du centre d’accès au Droit et à la Justice.
Par ailleurs, plusieurs actions, allant des arrestations à des restrictions de certaines libertés, seront menées. Durant la période d’Etat d’urgence, les autorités du pays peuvent restreindre la liberté d’aller et venir comme surveiller la circulation de personnes considérer comme dangereuses. Même la liberté d’informer n’est pas du reste de cette décision. La société civile pour sa part, appelle les citoyens au respect de cette mesure et les autorités à éviter tout dérapage.
« Lorsqu’une décision est prise par une autorité légale établie, les citoyens ont l’obligation de la respecter. En tant que citoyen et vivant sur le sol centrafricain, je demande à toute la population de respecter cette loi et surtout d’éviter aux autorités d’avoir des prétextes pour qu’il ait des violations des droits de l’Homme. Cependant, les autorités ne doivent pas profiter de cette mesure pour arriver à des règlements de compte ou arrestations arbitraires » a insisté Bruno Hyacinthe Gbiegba, président du Comité national pour la prévention et la répression du crime de génocide et autres atrocités criminelles.
La constitution centrafricaine du 30 mars 2016 prévoit certaines dispositions y relatives. Selon la Loi fondamentale en son article 44, « ce délai de 15 jours ne peut être prorogé que par l’Assemblée nationale, réunie en session extraordinaire avec ou sans quorum ».
Cette mesure exceptionnelle intervient, un mois après le lancement d’une série d’offensives armées de la coalition des patriotes pour le changement (CPC) dans le but de perturber le processus électoral et renverser les autorités légitimes. La réaction de Bangui a été vigoureuse. Fin décembre, le Président Faustin Archange Touadera a prévenu que « le pays est en guerre ».