La réélection de Faustin-Archange Touadéra est un long processus émaillé de conflits politique et armé. Déclaré vainqueur dès le 1er tour de la présidentielle par la Cour Constitutionnelle avec 53,16% des voix, le président investi doit faire face à certaines urgences dès l’amorce de ce nouveau quinquennat.
Fin 2015 alors que la transition politique dirigée par Catherine Samba Panza arrivait à son terme, des élections législatives et présidentielle sont organisées pour le retour à l’ordre constitutionnel. Parmi la trentaine de candidats à la présidence de la République, Faustin-Archange Touadéra, ancien premier ministre de François Bozizé de 2008 à 2013, crée la surprise. Il est admis au second tour de la présidentielle face à Anicet Georges Dologuélé, défiant tous pronostics.
A l’issue du second tour organisé en février 2016, Faustin-Archange Touadéra remporte la présidentielle avec 66% des voix et devient ainsi le 10e dirigeant centrafricain mais le 3e à être démocratiquement élu.
Quels sont les principaux événements qui ont marqué le premier quinquennat du président Touadéra ?
Se proclamant homme de la « Rupture », le nouveau président centrafricain aura du mal à rompre le lien de certaines pratiques néfastes au sein de son entourage. Ses proches collaborateurs sont cités dans plusieurs scandales, notamment des faits de détournement des deniers publics sans suite judiciaire.
Très vite, il entame un processus de dialogue avec les groupes armés qui écument le territoire national. Après 2 semaines de négociations à Khartoum au Soudan, le Président de la République signe le 6 février 2019, un accord de paix avec 14 groupes armés. Accord grâce auquel, un gouvernement composé en partie des représentants des groupes armés est mis en place.
Qu’en est-il de l’armée et de la présence russe dans le pays ?
L’armée réduite à néant par le coup d’Etat de la Séléka en mars 2013 peine à se remettre sur pied, car frappée par un embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité de l’ONU. Faustin Archange Touadera à défaut de l’appui de la France, va se tourner vers la Russie qui acceptera de doter et d’entraîner les Forces armées centrafricaines au maniement des armes. Cette position va permettre à Moscou de raffermir ses liens avec la RCA et de s’imposer sur le plan militaire et diplomatique.
Comment a été donc ce processus qui a conduit à la réélection de Touadéra ?
D’abord début 2020, certains députés et membres de la majorité présidentielle ont émis le vœu de voir certains articles de la constitution être modifiés pour permettre à Faustin Archange Touadera de rester au pouvoir au-delà du délai constitutionnel. Raisons évoquées, la pandémie de Covid-19 et le retard enregistré dans l’organisation des élections. Initiative très vite contestée par l’opposition politique qui saisit la Cour constitutionnelle qui, à son tour, maintient le délai des élections.
En octobre de la même année, l’opposition revient à la charge et exige le report des élections mais cette demande restera lettre morte.
En décembre 2020, plusieurs candidatures à la présidentielle dont celle de l’ancien président François Bozizé sont invalidées. Cette décision de la Cour constitutionnelle ouvre la voie à une lutte armée organisée par François Bozizé. C’est la naissance de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), composée de certains groupes armés signataires de l’accord de paix du 6 février 2019.
Ainsi, la coalition rebelle lance des offensives contre les positions de l’armée nationale à l’intérieur du pays et parvient à perturber les élections du 27 décembre 2020 dans plusieurs localités. Malgré ce contexte dominé par la tension sécuritaire, Faustin Archange Touadera est réélu à la tête de la RCA avec 53,16% des voix.
Quels sont les priorités de ce nouveau quinquennat ?
D’abord la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, l’organisation des concertations en vue du dialogue républicain annoncé. Enfin, la poursuite des opérations militaires en cours contre les rebelles de la CPC pour la libération totale du territoire national et la croissance économique. Faustin Archange Touadera doit aussi renforcer les capacités opérationnelles de l’armée nationale, appuyée aujourd’hui par la Russie et le Rwanda.