Deux semaines après l’investiture du président Faustin Archange Touadéra, le gouvernement de son premier mandat n’a pas encore présenté sa démission. Une telle situation est-elle contraire aux dispositions de la loi ? En tout cas les avis des spécialistes en la matière divergent.
Les centrafricains se posent de nombreuses questions autour de la nomination du nouveau gouvernement. Pour certains observateurs de la vie politique centrafricaine, les ministres actuels sont dans l’illégalité après la prestation de serment du président Touadéra pour un nouveau quinquennat.
« Une fois que le chef de l’Etat a prêté serment, il revient au Premier ministre chef du gouvernement de remettre sa démission et celle des membres de son gouvernement. A défaut, le chef de l’Etat le reconduit ou le démet. Cependant depuis quelques semaines, rien n’est fait et apparemment, le gouvernement gère encore les affaires courantes de l’Etat. Ce n’est pas normal » a affirmé le sociologue et universitaire, Karl Blagué.
Cet avis partagé par d’autres acteurs politiques et juristes qui préfèrent garder l’anonymat. Par ailleurs, la Constitution centrafricaine du 30 mars 2016 ne fixe pas un délai au chef de l’Etat pour la nomination d’un nouveau Premier ministre et des membres de son gouvernement.
« Le président de la République est le Chef de l’Etat… Il nomme le Premier ministre et met fin à ses fonctions. Sur proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du gouvernement et met fin à leurs fonctions », mentionne l’article 33 de la Constitution.
Ce que les Centrafricains disent ne pas comprendre est le limogeage de certains membres de l’actuel gouvernement et la désignation des ministres intérimaires, alors que le pays attend toujours la nomination d’une nouvelle équipe.
Pourquoi le gouvernement Ngrébada n’a pas encore présenté sa démission ? Pourquoi l’ancienne équipe n’est-elle pas officiellement reconduite par un acte du chef de l’Etat? Les centrafricains s’impatientent d’avoir des réponses à ces questions.
Sur ces points, certains légistes apportent des éclaircissements.
« La RCA fait partie des pays qui ont adopté un régime semi-présidentiel. Il y a l’exécutif qui est bicéphale. Le président de la République et le Premier ministre. Si aujourd’hui le président de la République nomme un nouveau Premier ministre, cela risquerait de poser un problème. Car, si la coloration au niveau de l’Assemblée nationale n’est pas de même borne que celui qu’il a choisi, on se retrouverait dans une nouvelle crise » a fait savoir Mario Azou-Passonda, docteur en droit et politique internationale.
Selon certaines indiscrétions, des tractations seraient en cours pour le choix du nouveau Premier ministre. Une fois le choisi opéré en coulisse, l’actuel chef du gouvernement présentera sa démission et celle de son équipe pour permettre la nomination officielle du nouveau.