Certains enseignants et hauts cadres de l’université de Bangui profitent de leur position pour abuser des étudiantes. Un nombre élevé de jeunes apprenantes se prêtent à ce jeu pour passer en classe supérieure. Cependant, celles qui s’y opposent, amassent les mauvaises notes. Le recteur de l’université de Bangui hausse le ton face à la persistance de ce fléau et menace de radier les enseignants qui sont à l’origine de cette pratique si les faits sont avérés.
En plus de la corruption qui bat son plein, le harcèlement sexuel tend à devenir une coutume à l’université de Bangui. Profitant de leur position, certains enseignants jurent par les « Notes sexuellement transmissibles (NST)».
Fanta, 21 ans, fréquente l’université de Bangui depuis deux ans. Victime de harcèlement sexuel de la part d’un de ses professeurs, la rentrée académique 2019-2020 a été une année d’enfer pour la jeune étudiante.
« Il a d’abord commencé par demander mon numéro de téléphone. Chose que je n’ai jamais faite. J’ai alerté mes condisciples de ne pas lui donner mes contacts. Souvent, il m’approche après les cours en me proposant des rencards… Il me demande régulièrement de l’accompagner dans des restaurants, dans les bars dancing etc. Je répond tout simplement que je ne sors pas la nuit » raconte Fanta.
Refusant de céder aux avances de son enseignant, la jeune étudiante n’a validé les matières de ce dernier malgré ses efforts.
« Mon refus a entraîné des répercussions sur mes notes », rajoute-t-elle. « Je n’ai pas eu de bonnes notes avec ses matières, pourtant j’ai bien travaillé. Pourquoi j’ai validé les autres matières et c’est avec lui qu’il ya ce blocage. J’ai essayé de partager ce problème à mes amies. Elles m’ont fait savoir que c’est à cause de mon refus. Elles m’ont conseillé de me donner à fond dans les autres matières pour me permettre d’avancer », témoigne-t-elle d’une voix pitoyable au micro de Radio Ndeke Luka.
Alors que ce phénomène empêche un nombre important de jeunes étudiantes d’avancer dans leurs études, Jean-Laurent Sissa Magalé, Recteur de l’université de Bangui menace de radier les enseignants qui s’adonnent à cette pratique si les faits sont avérés.
« Je vous garantis que si un enseignant se retrouve dans cette situation, dit-il en frappant le point sur la table, il sera radié de l’université. Ce n’est pas normal ! Dans le cas où une étudiante est harcelée et qu’elle constate que ses notes ne correspondent pas à son travail, j’ai le pouvoir de faire en sorte qu’on puisse revoir sa copie » martèle le Recteur.
La loi centrafricaine de son côté prône la politique de zéro tolérance à l’égard des auteurs du harcèlement sexuel. Alors que faire quand on est victime ? L’avocat André Olivier Manguéréka, donne des orientations.
« Ces femmes ont peur de saisir la justice parce que leurs supérieurs risqueraient de les sanctionner. Mais il faudrait que ces actes soient dénoncés. Nous demandons à ces étudiantes de porter plainte régulièrement. Elles peuvent saisir un avocat ou l’association des femmes juristes. Ces experts peuvent engager des poursuites judiciaires contre les professeurs qui usent de leur pouvoir pour harceler les étudiantes », conseille le défenseur des droits de l’Homme.
A l’université de Bangui, ce phénomène profite à certaines étudiantes qui ne veulent pas se donner à fond dans les études. Par contre, celles qui refusent de donner leurs corps en contre partie des notes, souffrent dans la chair et hésitent de dénoncer ces actes à cause des répercussions. Certaines ont dû abandonner les études et d’autres, par contre, constatent une baisse des résultats scolaires malgré les efforts fournis.