Plus d’une semaine après le lancement des opérations de fouilles systématiques dans les quartiers de Bangui, des questions se posent autour de leur détention. Certaines sont maintenues pour des suspicions, d’autres libérées après des enquêtes. Cependant parmi les relâchés, certains indiquent avoir payé des frais. La police, de son côté, donne une autre version.
En se rendant à la direction de police judiciaire au centre ville de Bangui, ce 06 juillet 2021, Radio Ndeke Luka tombe sur un cas de relâchement. Il s’agit d’un jeune âgé d’environ une trentaine d’année. Ce dernier, larmes aux yeux, vient d’être libéré par la police. Pour lui, les conditions de détention sont trop pénibles.
« Lorsqu’ils m’ont demandé la carte nationale d’identité, je leur ai présenté ma carte d’électeur et ils l’ont bloquée. Nous sommes nombreux, coincés dans la geôle et depuis dimanche on n’a même pas bu de l’eau. Ils ne nous posent même pas de question. Si les parents arrivent et qu’ils leurs payent quelque chose, tu es libre » témoigne Emmanuel Yétibanda.
D’autres témoins indiquent que leurs parents ont dû payer des sommes allant de 6000 à 20.000 francs CFA pour obtenir leur relâchement. Toutefois pour ceux qui n’ont pas cette possibilité, l’aventure continue.
« Nous sommes obligés de vendre nos articles afin de payer quelque chose à la police. Le premier jour, ils nous ont demandé 10.000 francs. Mais par manque de moyens, je viens de leur remettre 6.000 francs. Pour les autres qui n’ont rien du tout, la détention continue » indique Auguste Boutoungara, proche d’un détenu relaxé.
Selon le responsable de la police, les sommes versées par les sans-papiers constituent les frais d’établissement de la carte nationale d’identité.
« La police demande la carte nationale d’identité. Les gens qui étaient mis à ma disposition lors des opérations de fouilles doivent payer 6.000 francs pour l’établissement de leur carte. Nous avons la liste de tous les interpellés…ils auront leurs cartes » rétorque Denis Mbaïnguebe, directeur des services de police judiciaire.
Les sans-papiers indiquent de leur côté qu’aucune quittance leur a été délivrée après avoir payé ces frais. Toutefois, la direction générale de la police envisage créer, dans les prochains jours, des centres secondaires pour la confection des cartes nationales d’identité. Ceci pour permettre à tous les centrafricains de vite entrer en possession de ce document.