La justice traditionnelle, reste le premier recours des habitants de Ndangala, dans l’Ombella-Mpoko, à 30 kilomètres de Bangui. Dans ce village, la plupart des conflits familiaux ou communautaires sont réglés par des chefs coutumiers. L’objectif principal demeure la conciliation entre les habitants en cas de petits désaccords.
Le samedi 26 juin 2021, Radio Ndeke Luka assiste à une audience de conciliation dans le village Ndangala. Debout et avec un ton sérieux, Rufine explique devant la foule et les juges traditionnels, le nœud de son problème. Car en Centrafrique, la justice traditionnelle est l’un des mécanismes de résolution des différends au niveau communautaire.
Dieu-Béni Mavodé, premier juge du chef de Ndangala, précise la nature de différend qui mobilise le village ce jour-là.
« C’est une femme qui est partie à Bangui chercher sa petite sœur pour venir l’aider ici à Ndangala. Mais comme sa petite maison ne suffisait pas pour héberger sa sœur, elle l’a confiée à son voisin. Il se trouve que sa petite sœur ne veut plus travailler pour elle. C’est pourquoi elle a décidé de la ramener à Bangui. Le voisin mécontent ne veut pas remettre les habits de la jeune fille. Ce qui a créé ce problème entre les deux et le voisin a menacé sa voisine de mort. Ce qui est sûr, on va tout faire pour résoudre ce problème », fait-il savoir.
Après 2 jours de discussion, les vêtements de la fillette ont été restitués à sa tutrice, elle a finalement regagné ses parents biologiques.
De nombreuses personnes sont venues suivre cette audience sous un manguier à proximité de la maison du Chef. Selon elles, tous les contentieux présentés devant les chefs sont toujours résolus.
« Il est vraiment important de régler nos litiges chez le chef. C’est lui le représentant direct de l’Etat. Le chef Herman sait régler les litiges. Il ne voit pas les liens de famille ou d’amitié« , nous disent certains badauds.
De leur côté, les chefs se plaignent des conditions de travail. Pour eux, le gouvernement oublie le travail qu’ils font, celui de régler des litiges à l’amiable.
« Auparavant, les chefs étaient impliqués dans l’exécution de certaines décisions du pays à titre d’exemple la question relative aux impôts. On nous respectait pour cela mais aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Le gouvernement doit encore tout faire pour permettre aux chefs traditionnels de gagner ce respect d’antan », lance Hermand Souabiti, chef du village Ndangala 3.
Face à la situation du pays où il n’y a pas de tribunal dans les petits villages, ces représentants directs de l’Etat restent indispensables pour rendre justice de premier degré à la population.