La ville de Bossangoa dans le Nord de la République centrafricaine a connu, ce mardi 21 juillet 2021, le massacre d’une dizaine de civils. Ce drame qui angoisse tout le pays, singulièrement, les habitants de la région est dénoncé par toute l’opinion. Toutefois, des questions se posent quant aux auteurs de l’acte. Certaines sources locales l’attribuent aux forces régulières. Cependant le gouvernement, lui, pointe du doigt les éléments de la CPC.
Au moins 14 personnes ont été retrouvées mortes, le mardi 21 juillet 2021, au village Bongboto à 12 kilomètres de Bossangoa. A en croire des sources locales, il s’agit de jeunes commerçants qui se rendaient dans un marché hebdomadaire au village Kouki dans la sous-préfecture de Nana-Bakassa. Ces derniers auraient été arrêtés avant d’être exécutés sommairement. L’information a été confirmée par des autorités locales, qui ne donnent pas plus de précisions sur les auteurs de l’acte. Pour la population locale, c’est un massacre de trop.
« Ce qui est arrivé nous dépasse tous. Ces jeunes se rendaient au marché hebdomadaire. Lorsqu’ils sont arrivés au PK12 à la sortie de Bossangoa, ils ont été arrêtés par des inconnus avant d’être exécutés. Nous avons ramené 12 corps et les 2 autres sont acheminés au village situé à 18 km. Toutes ces victimes se rendaient au marché hebdomadaire » a fait savoir, un parent de victime.
Alors que des sources locales accusent des éléments des forces régulières présents dans la localité, le gouvernement lui, attribue la responsabilité du drame aux hommes de la rébellion CPC.
« Les éléments de la Coalition des patriotes pour le changement, constitués désormais en bandits de grands chemins, ont fait irruption à 12 km de Bossangoa sur l’axe Nana-Bakassa et ont ouvert le feu sur des honnêtes citoyens. Alertées, les forces de défense et de sécurité appuyées par nos alliés se sont rendus sur les lieux et ont acheminé les corps à Bossangoa » a défendu Serge Ghislain Djorie, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement.
La Coalition des patriotes pour le changement (CPC) dément son implication et sollicite la mise en place d’une commission d’enquête indépendante afin de faire la lumière sur de nombreuses exactions présumées ces derniers temps à l’intérieur du pays.
Pour la justice centrafricaine qui dénonce également ce crime, la population locale doit collaborer avec les autorités pour la documentation de ces faits afin que toute la lumière soit faite sur cette affaire.
« Il y a une cellule d’enquête qui a été mise en place sous la houlette du procureur général près la Cour d’appel de Bangui et des deux procureurs près les Cours d’appel de Bambari et de Bouar. Ce qu’il y a lieu de faire maintenant, c’est de documenter ces cas. Au niveau de Bossangoa, toute personne informée de la commission de ces crimes de masse doit rédiger un document et essayer d’informer les autorités judiciaires sur l’identité des auteurs présumés de ces cas » a martelé Narcisse Foukpio, 1er avocat général près la Cour d’appel de Bangui.
L’Observatoire centrafricain des droits de l’Homme (OCDH), lui aussi n’est pas resté en marge de cette dénonciation. Il appelle à l’ouverture d’une enquête pour que les auteurs de ces crimes répondent de leurs actes.
« Nous condamnons avec la plus grande fermeté de telles atrocités et nous demandons qu’une enquête soit diligentée par les autorités. Nous avons la justice qui est là. Parce qu’on est en présence de ce que nous qualifions de crimes contre l’humanité. On est en face d’une attaque systématique et généralisée. Le procureur général est interpellé; de même la Cour pénale spéciale car ceci rentre dans le cadre de ses compétences » a dénoncé maître Albert Panda, vice-président de l’OCDH.
Dans un communiqué rendu public, le 21 juillet 2021, la Minusca fait état de 13 corps retrouvés au village Bongboto, à 12 kilomètres de Bossangoa. Ces personnes, selon elle, auraient été tuées par balles. Par ailleurs, elle promet de faire toute la lumière sur ces crimes. Toutefois, se dit prête à soutenir le gouvernement pour que les auteurs présumés soient identifiés, arrêtés et traduits devant les juridictions compétentes. Pour cela, la mission de l’Onu sollicite la coopération des autorités centrafricaines.