Près de deux semaines après l’arrestation du capitaine Eugène Ngaïkoisse, l’Organisation de défense des droits de l’Homme Human Right Watch se félicite de l’action. Si cette capture marque un pas important vers la justice, l’ONG se dit préoccupée de la réparation qui doit aussi apaiser le cœur des victimes.
Ancien garde-rapproché de l’ancien président François Bozizé, Eugène Ngaïkoisse a été arrêté par les autorités centrafricaines, le 04 septembre 2021 au village Liton à 22 kilomètres de Bangui sur la route de Damara. Cité dans un rapport de Human Right Watch en 2008 pour de graves violations de droits humains en 2005, cette arrestation, selon les organisations des droits de l’Homme, marque le début d’une réponse judiciaire aux récurrentes crises que connait la République centrafricaine. Position exprimée à Bangui, le 15 septembre 2021par l’organisation.
« Décidément la justice est en marche. Pour nous, c’est une très bonne chose. Nous soutenons le système judiciaire centrafricain mais il faut être réaliste car le système était complètement détruit en 2013. J’ai vu comment ils ont détruit les archives voire les parquets. Donc, nous devons avoir le soutien de la CPS pour avancer sur de grands dossiers comme celui là. Voir des juges et procureurs centrafricains à côté des juges internationaux ici à Bangui, pour nous c’est une très bonne chose » s’est réjoui Lewis Mudge, directeur-Afrique de Human Right Watch.
Pour l’organisation des droits humains, il y a des attentes vis-à-vis de ces dossiers. Notamment, la question de réparation qui est très importante et qui doit être liée à la justice ; quelque soit les juridictions.
« Parmi ces aspects, il y a des gens qui ont perdu des parents, des biens voire leurs maisons à cause des crimes commis par les hommes d’Eugène Ngaïkoisse ou par lui-même. Cette question de réparation est très importante et elle est liée à la justice. Ce sera quelque chose que, soit le système judiciaire centrafricain, soit la Cour pénale spéciale doit s’y intéresser » conclu le directeur-Afrique de Human Right Watch.
Surnommé «Boucher de Paoua» par Human Right Watch, Eugène Ngaïkoisse est accusé pour son rôle dans les opérations de répression suite à un soulèvement populaire dans le Nord-ouest de la République centrafricaine après l’élection de François Bozizé à la tête du pays en 2005. Selon l’organisation, Eugène Ngaïkoisse dirigeait l’une des unités impliquées dans cette répression où ses soldats avaient ouvert le feu sur des foules, pillé et incendié des milliers d’habitations voire rasé des villages entiers. Quelques jours après cette interpellation, la Cour pénale spéciale (CPS) s’est saisie du dossier.
Ce chapitre intervient après l’arrestation et le transfèrement devant la Cour pénale internationale, en janvier dernier, de Mahamat Saïd Abdel Kani, un ex-leader de la coalition Séléka.