Plusieurs candidats au recrutement dans les forces de défense et de sécurité centrafricaine dénoncent la vente des fiches d’enrôlement par certains « cadres » de l’armée à des prix exorbitants. Cette pratique est courante aussi bien à Bangui qu’à l’intérieur du pays. Mais, l’Etat-major des Armées dit ne pas en avoir connaissance.
C’est une pratique connue presque de tous. Des centaines de jeunes centrafricains désirant faire carrière dans l’armée affirment être obligés d’acheter les fiches d’enrôlement à des coûts exorbitants. Certains affirment avoir déboursé jusqu’à 50.000 Fcfa tandis que d’autres affirment payer à hauteur de 100 000 Fcfa.
« J’ai postulé à plusieurs reprises pour passer le test de l’armée. L’histoire de ces fiches n’est pas un secret. Les rumeurs circulent régulièrement dans les quartiers, annonçant que des gens sont recrutés et ils vont partir en formation. C’est difficile de découvrir l’identité des gens qui vendent ces fiches car tout se fait en catimini. Certaines personnes achètent leur fiche à 50 mille et d’autres à 100 000 francs CFA », témoigne Adolph âgé d’une vingtaine.
Les vendeurs de ces fiches font croire aux postulants que l’achat conduirait directement au recrutement dans l’armée. Un argument qui a séduit de nombreux candidats. Or en réalité, il n’en est pas le cas.
» Si tu as quelqu’un, par exemple un haut gradé pour suivre ton dossier, tu es sûr et certain d’obtenir le test. Nous qui n’avons pas de soutien, on est voué à l’échec. On se bat de gauche à droite. J’ai par exemple vendu certains de mes effets pour postuler à ce concours. Puisqu’il n’y a personne pour m’appuyer, ca n’a pas marché », explique Michel un jeune du 8e arrondissement, détenteur de cette fiche qu’il a payée à plus de 100 000 Fcfa.
Victime de cette arnaque, André, un habitant du quartier Combattant attire l’attention des autorités sur cette pratique.
« Effectivement, j’ai payé cette fiche. J’attendais seulement mon tour pour le recrutement dans l’armée. J’ai choisi l’armée parce que personne ne pourra me convaincre d’entrer dans la rébellion car c’est indigne. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités face à cette arnaque. Nous en souffrons » déplore-t-il
Depuis ces derniers temps, plusieurs recrutements non officiels se font à Bangui et dans les villes de provinces pour augmenter l’effectif des Forces armées centrafricaines (Faca) en pleine reconstruction. Certaines personnes profitent de cette situation pour vendre de manière illégale des formulaires de recrutement. Selon une source proche de l’Etat major, aucune fiche n’est distribuée par l’armée dans le cadre de cette opération d’enrôlement.