Des étudiants expriment leur ras-le-bol face à l’absentéisme chronique des enseignants et au manque de rigueur de l’administration rectorale de l’Université de Bangui. Une situation qui, selon eux, dure depuis plus de dix ans.
De nombreux étudiants dénoncent des dysfonctionnements à plusieurs niveaux : l’irrégularité, la négligence ou l’absence totale de certains enseignants aux cours, le laxisme des responsables facultaires et départementaux, mais aussi un laisser-faire au niveau du rectorat. Ces dysfonctionnements entrainent des retards chroniques accusés chaque année dans l’évolution des cours, des travaux dirigés et l’organisation des évaluations de fin d’année.
Autant de manquements qui entrainent le rallongement des années académiques selon les étudiants de l’Université de Bangui et des autres instituts universitaires.
Les étudiants dénoncent un laisser-faire au rectorat
Des rapports dénonçant ces failles ont été régulièrement soumis par les Chefs de départements et Doyens de facultés aux responsables du rectorat mais ces derniers ne prennent pas assez de mesures selon les étudiants.
En l’absence d’un cadre idéal pour exprimer leur ras-le-bol après la dissolution en 2019 de l’Association Nationale des Etudiants Centrafricains, ANECA, ces apprenants se livrent à Radio Ndèkè Luka.
« Selon le calendrier normal, nous devrions faire six mois mais nous allons jusqu’à plus d’un an. Au lieu de trente heures, certains enseignants ne font que 10 heures de cours. En plus, ilsutilisent les mêmes polycopies avec le même contenu depuis des années », dénoncent-ils.
Indignation de la Ligue centrafricaine des droits de l’Homme (LCDH)
La LCDH regrette elle aussi des disparités dans les dates de rentrées et d’examens. C’est ce que son président Joseph Bindoumi déplore.
«Aujourd’hui, on est rentré dans un imbroglio à tel point qu’on ne sait plus à quel moment commence l’année, on ne sait plus à quel moment termine l’année, à quel moment les examens sont organisés », regrette M. Bindoumi
Un meilleur salaire pour les enseignants du supérieur
Face à ces critiques, les enseignants, de leur côté, demandent une augmentation de leurs salaires pour donner le meilleur d’eux-mêmes.
« Un maitre de conférences dans la sous-région gagne plus de deux millions de Francs CFA alors que comme maitre de conférence en République Centrafricaine, je ne gagne que quatre cent mille francs CFA. L’universitaire le plus gradé gagne moins que celui qui a un grade inférieur. Trouvez-vous cela de normal ?», s’interroge Alexis Ndui-Yabela, maitre de conférences en sciences juridiques.
Les Syndicats interpellent les autorités sur les postes électifs
Les organisations syndicales accusent, elles, le système actuel. Depuis quelques années, les dirigeants du pays nomment certaines personnalités à des postes sans passer par le vote.
Le Secrétaire Général de l’Organisation démocratique syndicale des travailleurs de Centrafrique, Louis Marie Kogrengbo, demande aux autorités d’appliquer les textes concernant les postes électifs.
« Quand on parle de l’Université de Bangui, c’est une question d’élites. Et ce sont des gens qui ne doivent pas se confondre avec la politique politicienne. En dehors du recteur et des secrétaires principaux, tous les autres postes sont électifs. Et depuis 2006, ces textes n’ont jamais été mis en application. A qui incombe donc la faute ? »
L’opposition démocratique accuse l’exécutif.
La coalition de l’opposition démocratique (COD-2020) pense que le gouvernement est à l’origine de tous ces graves problèmes à l’Université de Bangui.
« On ne va pas dire que la responsabilité incombe à d’autres personnes. Elle incombe au pouvoir en place», martèle Raymond Adouma, membre de la COD-2020.
Face à ces sérieux dysfonctionnements, Radio Ndeke Luka a plusieurs fois tenté d’avoir la version des faits des responsables du rectorat, mais ils n’ont pas réagi.
Centrafrique : Des dysfonctionnements graves enregistrés à l’Ecole normale supérieure de Bangui