En République centrafricaine, de plus en plus de jeunes s’adonnent à la consommation de l’alcool de traite. A Bangui particulièrement, ils fréquentent les différents endroits et à n’importe quel moment. Le plus souvent en club d’amis, ces jeunes se retrouvent dans des mini-caves ou cabanes pour savourer cette liqueur locale. Un lieu de confrontation d’idées. Cependant de l’avis des spécialistes de la santé, l’abus de cet alcool est un danger pour l’organisme humain.
En cette période de pluies où le ciel est toujours menaçant, pendant que la fraicheur prend le dessus, certains jeunes de Bangui se retrouvent dans des cabarets improvisés pour déguster l’alcool de traite communément appelé « Ngouli ». Dans ces endroits, les consommateurs sont installés sur des bancs, assis côte-à-côte voire les uns derrière les autres. Généralement, l’ambiance est conviviale autour de cette liqueur incolore : de l’éthanol fait à base de poudre de maïs pourri.
« C’est le lieu approprié pour débattre des problèmes du pays voire de notre foyer. Cet endroit mobilise beaucoup de personnes. Ceux qui viennent du Nord, du Sud de l’Est voire de l’Ouest de la ville, se retrouvent ici pour se distraire. C’est depuis plus de 20 ans que je fréquente ce lieu » témoigne Blaise, un admirateur de l’alcool de traite.
Bizarrement dans ces lieux, les visages sont toujours serrés. Avec des joues un peu boursoufflées et des lèvres rouges pour la plupart, aucun sujet d’actualité n’échappe à ces éthyliques.
« Là, je vous dis franchement. Il faut réunir tous les centrafricains autour d’une table pour qu’ils parlent de la réalité du pays. Sans ça… Imaginez la suite. Je suis un partisan du dialogue. Tout le monde doit y participer » lance Axel Omer, un autre consommateur en état d’ébriété.
Pendant ce temps, un autre consommateur enlève ses lunettes noires et regarde la vendeuse avec insistance. Comme s’il n’arrive pas à bien regarder l’objet en face. Visiblement saoul, il semble regarder à l’envers. Une tradition pour la vendeuse qui les gère quotidiennement.
« Au début lorsqu’ils arrivent, ils sont calmes. Cependant après avoir ingurgité plusieurs verres, les disputent commencent. Les échanges entrainent souvent des bagarres. On intervient de temps en temps pour les séparer. Et le lendemain, c’est la routine comme de rien n’était » détaille Mère Monica, vendeuse de Ngouli.
Même si la consommation de l’alcool de traite est recommandée à d’autres personnes, les spécialistes eux, déconseillent la consommation abusive, jugée dangereuse pour la santé.
« Le grand danger est que jusqu’à lors, on ignore le degré d’alcool de ces boissons fabriquées traditionnellement. Et donc la principale conséquence, c’est la mort. Si vous êtes accros à cela, il vous faut avoir une alimentation équilibrée pour pouvoir subsister » conseille Jean-Christian Amédée Mandjeka, docteur nutritionniste.
Le commerce d’alcool de traite est très lucratif pour de nombreuses femmes en Centrafrique. Plusieurs jeunes consomment cette liqueur locale pour se distraire. Tandis que d’autres le prennent par préférence ou par manque de moyens.
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