Le procureur général de Bangui a poursuivi sa déposition contre Jean-Pierre Bemba, mercredi 6 avril, devant les juges de la Cour pénale internationale (CPI).
Interrogé aussi sur l’implication du chef de l’état libyen, Mouammar Kadhafi, dans la guerre en Centrafrique, le témoin a estimé que « la troupe qui venait à Bangui, était dirigée par un général libyen et venait sur ses ordres. Les pilonnages sont de leur responsabilité. L’aviation utilisait l’aérodrome de Zongo, en République démocratique du Congo. Les avions décollaient de là-bas pour leurs opérations. Il est évident que le Colonel Kadhafi s’est aussi impliqué dans ces opérations là. Stationner ses avions sur le territoire congolais, dans une partie du territoire contrôlée par le MLC, cela suppose qu’il y a eu entente entre le MLC, la Libye et le président Patassé. Ce sont des choses visibles qu’on ne pouvait cacher. »
Interrogé sur les liens existants entre Jean-Pierre Bemba et l’ex président Ange-Félix Patassé, le témoin a expliqué que « Patassé appelait Bemba mon fils. » Firmin Feindiro a ensuite affirmé que Jean-Pierre Bemba utilisait la Centrafrique comme « base arrière ». « Son hélicoptère était stationné sur le tarmac de Bangui. Quand il arrivait, l’hélicoptère restait. Il prenait alors un avion et il pouvait partir ailleurs. C’était sa base arrière ». Pour le témoin, « l’essentiel des produits de première nécessité transitait soit par le port de Bangui, soit par le port de Mobaye, à la frontière entre Mobaye Mbongo et Gbadolite en RDC, qui est le siège du MLC. »
Le procureur général de Bangui a aussi expliqué qu’il avait intenté des poursuites contre le président Ange-Félix Patassé, « notamment pour collusion avec l’étranger. » Menacé par la rébellion conduite par François Bozize, Ange-Félix Patassé avait appelé en renfort plusieurs milices, dont celle de Jean-Pierre Bemba. L’ancien président « a utilisé l’argent de l’Etat, les véhicules, le carburant, il y avait des officiers de l’armée pour montrer le terrain aux soldats du MLC. Ce sont autant d’éléments à retenir à la charge de Patassé et également à la charge de Jean-Pierre Bemba » a déclaré lé témoin. La République Centrafricaine avait renvoyé l’affaire devant la CPI, estimant qu’elle n’avait pas les moyens de poursuivre les auteurs. Le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo avait, dans un premier temps, annoncé son intention de poursuivre les deux hommes pour leur participation à un plan commun. Mais le procureur n’a finalement jamais poursuivi Ange-Félix Patassé.
Le procès de Jean-Pierre Bemba a commencé le 22 novembre 2010. Le sénateur congolais avait été arrêté en Belgique en mai 2008 puis transféré à la prison de Scheveningen, en banlieue de La Haye aux Pays-Bas, le 3 juillet 2008. Le président du Mouvement pour la libération du Congo est accusé de crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis entre octobre 2002 et mars 2003 en Centrafrique.