A Paoua les enfants constituent une main d’œuvre importante dans la relance de l’économie agricole. Si certains parviennent à combiner cette tâche avec les études, beaucoup ne vont pas à l’école et leur futur compromis. La situation est alarmante du côté des filles mineures qui sont données en mariage précoce. Ce phénomène interpelle les organisations de défense des droits de l’enfant.
De nombreux enfants à l’âge scolaire travaillent quotidiennement dans les champs de leurs parents ou des particuliers qui les recrutent. Si d’aucuns vont à l’école, la majorité ne fréquente pas et parfois ne dispose pas d’acte de naissance. C’est le cas de Sylvain, un mineur qui s’occupe des bœufs dans un champ.
»Je m’occupe des bœufs dans ce champ. Je n’ai pas de chaussures et je me fais blesser par les herbes. Je sors le matin je m’occupe des bœufs jusqu’à 16 h avant de les ramener. Ensuite, je prends un bain pour clôturer la journée », relate le jeune garçon.
Mettre fin au mariage précoce
La situation de Sylvain n’est qu’un échantillon et l’ampleur est d’autant plus inquiétante qu’il faut des mesures fortes. Mais il n’y a pas que les garçons. Chez les filles, les mineures sont données au mariage précoce. Jean Sombi est le chef de combattant 3. Il est en première ligne de lutte contre cette pratique.
« Il faut toujours sensibiliser, mais aussi, il faut que la justice sanctionne ceux qui sont coupables de ces actes. A défaut de sanction, les gens deviennent des récidivistes. Mais la tendance est quand même en baisse. Oui, la justice tente de juger, mais parfois, quand le problème se pose, on dit que c’est une affaire de famille qu’il faut régler en famille. Ils évitent que la justice soit au courant « , déclare Jean Sombi.
Indignation des organisations des défenses des droits de l’Enfant
L’exploitation des enfants dans les champs et le mariage précoce font réagir les organisations de défense des droits de l’Enfant.
« Ce qui se passe est inadmissible. Aujourd’hui, les droits des enfants sont violés à chaque seconde et ce qui se passe est au su et au vu des autorités qui n’agissent pas pour réduire le phénomène. En pleine année académique, les enfants sont dans des champs et dans des chantiers miniers. Certains enfants sont utilisés comme domestique à la maison alors que les autres vont à l’école. Nous devons arrêter cela et le gouvernement doit respecter ses engagements en mettant en place une politique claire pour mettre fin à ce genre de pratique », regrette Rémy Djamouss, coordonnateur du centre de la protection et de la défense des droits de l’Enfant, CPDE.
Investir dans l’éducation selon la Banque Mondiale
La Banque Mondiale a déjà alerté sur ce phénomène et engage le gouvernement à investir maintenant dans le capital humain.
»On dit que les investissements du gouvernement dans les secteurs sociaux, il faut le faire maintenant et systématiquement », suggère Han Fraeters, représentant de la Banque Mondiale en République centrafricaine.
Si la relance économique après la crise repose sur une main d’œuvre peu instruite, cela représente sans doute un handicap pour demain.
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